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fanatique qu’ils respirent contre la religion des mages, détruite par les successeurs de Mahomet.

On a encore de Petis de la Croix : Lettres critiques de Hadgi-Mehemmed-Effendy à Mme la marquise de G***, in-12, 1735.

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PETIT-VAL (Mlle A. de).


HISTOIRE DE LA FAMILLE MONTELLE, 3 vol. in-12, 1819. — Le marquis de Montelle, mari d’une femme accomplie, qui déjà l’a rendu père de deux filles, se livre à la plus excessive dissipation. Après une union de trois années, le cruel époux invoque la loi du divorce, et le fatal arrêt allait être prononcé lorsque le hasard offrit aux yeux du marquis les deux petites filles que la loi devait laisser à leur mère. Cette rencontre, sans convertir M. de Montelle, fit naître en son cœur quelque chose qui ressemblait à l’amour paternel. Il écrivit à sa femme qu’il renoncerait au divorce si elle voulait, en lui laissant une liberté absolue, lui abandonner sa fille aînée qu’il ferait élever selon ses idées particulières sur l’éducation. Mme de Montelle y consentit, et signa d’une main tremblante la transaction qui la séparait de sa fille et de son époux. La petite Angélique fut donc remise à son père, qui lui donna le nom d’Aspasie, et la conduisit en Italie, où il lui fit donner une éducation propre à lui inspirer le mépris des bienséances auxquelles les personnes de son sexe sont asservies. La jeune fille profita si bien de cette éducation brillante qu’elle devint bientôt un véritable prodige. Aussi adroite que spirituelle, montant parfaitement à cheval, dansant encore mieux, peignant comme un artiste, chantant à ravir, douée d’une rare beauté et pouvant prétendre à une fortune immense, il était difficile à vingt ans d’entrer dans le monde sous des auspices plus favorables. Il arriva cependant qu’Aspasie, livrée à toute la dissipation du monde, se montrant partout, sortant seule ou accompagnée de femmes déjà compromises dans l’opinion, porta la plus affligeante atteinte à sa réputation, au point, qu’après avoir été l’idole des cercles les plus brillants, elle se vit en quelque sorte bannie de la société. Après une longue expiation de ses folies, et une utile retraite en province, Aspasie épouse un homme qui n’avait rien épargné pour la préserver des suites funestes de son éducation. Par opposition, sa sœur, élevée dans la retraite sous les yeux d’une tendre mère, acquit les plus touchantes vertus et les droits les plus justes à l’estime de tout ce qui l’entourait, et arriva au bonheur sans qu’aucun chagrin eût empoisonné sa vie.