Page:Revue des Romans (1839).djvu/560

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passion au jeune lord Shirley, son cousin, qui obtint la préférence sur lord Malvyn, l’un des jeunes gens les plus à la mode de Londres ; il demanda la main de Catherine et l’obtint. Uni à la seule femme qu’il eût jamais aimée, lord Shirley aurait été l’homme le plus heureux, sans un sentiment de jalousie qu’il avait conçu contre Melvyn, qu’il s’était vu forcé de recevoir chez lui. Bientôt l’intimité de celui-ci avec Catherine ne lui parut plus douteuse ; il apprit que sa femme avait été rencontrée à neuf heures du matin, dans une rue écartée, donnant le bras à Malvyn ; une autre fois, il la vit entrer seule avec lui dans une maison de la même espèce que celle où Lovelace conduisit Clarisse, et où elle resta une heure. Lord Shirley abandonna sa femme et la chassa de sa maison, et cependant Catherine était innocente. Nous renvoyons à la lecture du roman pour éclaircir ce mystère ; nous dirons seulement que le perfide Melvyn, qui nourrissait une haine profonde contre Shirley, s’était entendu avec une certaine Sophie Clermont que Shirley avait dédaignée, pour perdre sa femme de réputation. Toute cette intrigue avait nécessité un grand nombre de lettres entre eux. Sophie renvoya celles de Melvyn, et celui-ci ne fut pas moins exact ; mais une circonstance singulière empêcha ce dernier paquet de parvenir à sa destination ; c’était la veille de la Saint-Valentin, jour où l’on s’écrit une grande quantité de lettres, qu’on est assez dans l’usage d’enlever à ceux qui les portent, afin de se réjouir de leur contenu avec ses amis. Le paquet de Melvyn fut escamoté au jockey à qui on l’avait confié, et envoyé à lord Shirley, qui se hâta d’aller près de sa femme solliciter un pardon qu’elle lui accorda généreusement.

MADELINE, ou Mémoires d’une jeune Écossaise, traduit par Mme Marie et René Roger, 3 vol. in-12, 1822. — Une fille de simples cultivateurs est élevée dans le grand monde par une dame dont la mort la livre presque à la misère ; elle retourne chez ses parents pour s’associer à leur modeste existence ; inspire une passion extrême à un lord, qui, après une longue résistance, l’épouse secrètement, l’enlève à sa famille, et lui laisse éprouver les humiliations qui résultent d’un mariage inégal. Prête à succomber aux maux dont cette situation l’accable, Madeline voit enfin s’adoucir devant elle toutes les passions ; elle est rendue au monde, à sa famille, et renaît en quelque sorte, après une affreuse maladie, pour être la plus heureuse des épouses et des mères. — On retrouve dans ce roman de miss Opie cet intérêt tendre et sympathique, cette morale pure et cet esprit d’observation qui caractérisent ses autres ouvrages.

Nous connaissons encore de mistriss Opie : Le Père et la Fille, in-12, 1802. — Adelina Mowbray, ou la Mère et la Fille, 3 vol. in-12, 1806. — Étrennes à mon fils,