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ces pages brillantes, la puérilité du fond contraste souvent singulièrement avec la magnificence de la forme.

LA FÉE AUX MIETTES, roman imaginaire, in-8, 1832. — L’histoire de la Fée aux miettes est une folle histoire, racontée par un fou dans un hospice de fous. Toute l’action se passe entre un jeune charpentier nommé Michel et une petite vieille naine, mendiante et fée aux miettes de son état, pourvue de deux dents démesurément longues, ce qui ne l’empêche pas de toucher le cœur du jeune homme et d’obtenir de lui une promesse de mariage. Ces deux amants, après s’être sauvé la vie mutuellement, finissent par s’épouser. Il ne faut pas cependant plaindre trop fort Michel de ce mariage. Pour consoler son époux la vieille fée se métamorphose pendant les nuits en une jeune et charmante princesse ; et lorsqu’il aura trouvé la mandragore qui chante, la fée tout à fait désenchantée sera pour lui princesse, non-seulement la nuit, mais encore le jour. — Ce livre n’est point un livre imaginaire, composé seulement pour amuser l’enfance. Cette fée n’est point la survivante de la reine de l’air qui, sans utilité, vole d’un pôle à l’autre dans une coquille de noix. Ceci ne ressemble pas non plus à ces contes fantastiques qu’il nous arrive d’écrire avant d’en avoir trouvé le but et la morale ; heureux quand nous avons mis aux prises, dans quelques villes du moyen âge, un juif avare, une sorcière méchante, quelques chats noirs et un voyageur poussé par satan à sa damnation : ici, tout est allégorie, vérité, graves enseignements. Ce jeune Michel, sans cesse à la recherche d’une mandragore qui chante, n’est-ce pas l’âme qui court après le bonheur, après ce but général, si pénible à atteindre ? Cette fée, si raisonnable à travers ses badinages et sa petite coquetterie, n’est-ce pas la sagesse personnifiée, vivante ? Bien différente de Mentor qui ne quitte pas Télémaque, elle abandonne Michel à lui-même pendant plusieurs années. Mais il emporte dans sa mémoire les bons conseils de sa bonne protectrice et ne faillit jamais. — Tous est à double sens dans ce livre. On y raille d’une manière enjouée les juges et autres hommes de loi : il y a des leçons de charité bien entendues pour certains riches qui savent si mal donner, ou ne donnent pas du tout. Là, sont découverts et mis à nu les vices, les ridicules de la société. Enfin, l’auteur est parvenu à son but, qui est d’intéresser et de présenter l’utile et l’agréable dans une histoire fantastique.

INÈS DE LAS SIERRAS, in-8, 1837. — L’auteur a imaginé que trois jeunes officiers français se rendent à Barcelone, et, ne trouvant pas à se loger dans une auberge, située sur la route, prirent le parti d’aller passer la nuit au château de Las Sierras, que l’on supposait habité par des esprits. En se dirigeant vers ce