Page:Revue des Romans (1839).djvu/535

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui a succédé aux biens de Fitz-Adelm, sans rien savoir de l’infamie au moyen de laquelle ils étaient passés dans ses mains. Les deux nouveaux amis se rendent ensemble dans la province de Kerry, où ces biens se trouvent situés. Un ancien serviteur du père de Fitz Walter, nommé Crawley, était parvenu, par les moyens les plus odieux, à devenir l’homme de confiance de la marquise de Dunore, mère du jeune lord Fitz-Adelm, et avait acheté peu après, sous des noms supposés, les propriétés de cette dame. Le général Fitz-Adelm apprenant que ces biens sont remis en vente, se propose pour acheteur. Crawley emploie différents prétextes pour se refuser à la vente ; et, pour éloigner le général, il le fait arrêter, au nom du roi, sous le prétexte d’insurrection, avec quelques paysans supposés ses complices. Par l’entremise de lord Fitz-Adelm, le général est laissé libre, et son titre lui assure une excellente réception au château. Là, il rencontre lady Clancare, l’héroïne du roman, dans le portrait de laquelle lady Morgan paraît avoir voulu se peindre elle-même. Séduit par sa bienfaisance, par sa piquante originalité, le général Fitz-Adelm brûle de se déclarer et de lui demander sa main ; mais il est retenu par le souvenir de Florence Macarty, jeune Irlandaise qu’il a connue dans l’Amérique espagnole, et à laquelle il s’est trouvé fiancé dans une circonstance qui ne lui a pas permis d’envisager les traits de cette jeune personne avec assez d’attention pour la reconnaître en ce moment dans lady Clancare. Les Crawley cependant redoublent leurs manœuvres ; mais grâce à l’intervention du vieux O’leary, ancien précepteur de Fitz-Adelm, et d’un paysan nommé Padreen-Gav, tout s’explique, Fitz-Adelm se fait reconnaître, rentre dans ses biens, et épouse son ancienne fiancée. — On voit que cette fable n’a rien de bien compliqué ; mais c’est principalement dans les remarques semées çà et là sur l’état de l’Irlande et dans le développement des caractères nationaux mis en scène que consiste le mérite du roman.

LES O’BRIEN ET LES O’FLAHERTY, ou l’Irlande en 1793, trad. par Cohen, 6 vol. in-12, 1828. — L’époque choisie par lady Morgan fut marquée par cette fermentation générale des esprits qui précéda l’insurrection de 1794. L’arrogance et la corruption du parti dominant étaient portées à leur comble ; du sein des fêtes et des orgies partaient les décrets de la tyrannie pour frapper tous ceux qui ne subissaient pas son ignoble joug avec résignation et en silence ; déjà les hommes les plus éclairés et les plus vertueux s’étaient ralliés pour aviser au moyen de régénérer l’Irlande. La description d’une assemblée des Irlandais unis ; la revue des volontaires dans le parc du Phénix ; le tumulte nocturne de la taverne des Lutteurs ; la fête donnée dans le palais du vice-roi ; la peinture de