Page:Revue des Romans (1839).djvu/528

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


MOORE (John), littérateur écossais, mort en 1802.


ZELUCO, ou le Vice trouve en lui-même son châtiment, trad. de l’anglais par Cantwel, 4 vol. in-18, 1796. — Ce roman est considéré comme le meilleur ouvrage de J. Moore. Il est rempli d’événements intéressants, nés des passions désordonnées d’un enfant gâté et de l’aveuglement d’une mère. C’est un livre remarquable par la pureté du style, et surtout par une douce et pure morale.

On a encore de J. Moore : Lettres d’un Voyageur anglais, 4 vol. in-8, 1781. — Édouard, ou Tableaux variés de la nature humaine, trad. par Cantwel, 3 vol. in-12, 1797. — Mordaunt, ou Esquisses de mœurs de caractères de divers pays.

Séparateur

MORGAN (miss Owenson, et plus tard lady),
un des écrivains anglais les plus distingués du XIXe siècle.


LE MISSIONNAIRE, histoire indienne trad. par Dubuc, 4 vol. in-12, 1811 (publié sous le nom de miss Owenson). — Le père Athanase, héros de ce roman, est un religieux franciscain de l’illustre maison de Bragance, dont les facultés physiques et morales sont développées au suprême degré. Il quitte sa patrie, et se transporte sur les bords de l’Indus et du Gange, dont l’imagination riche et poétique de l’auteur donne d’admirables descriptions. Le père Athanase, entré dans un temple de Bramines pour y prêcher la religion du Christ, y rencontre Luxima, une des plus séduisantes héroïnes de roman : née dans l’Orient, prêtresse consacrée à Brama, vouée plus particulièrement au culte d’amour mystique, l’une des sectes de l’Inde : le climat qu’elle habite, sa religion, le vague de son imagination, la vivacité de ses sentiments, l’innocence de son cœur, la naïveté de ses expressions, la franchise de ses aveux dépouillés de tout artifice et de toute coquetterie, lui donnent une physionomie particulière et charmante. En lisant le portrait que l’auteur fait de son héros, on croirait lire plutôt les réflexions d’un philosophe sur les hommes et les mystères du cœur humain, qu’un roman composé par une jeune personne de dix-huit ans ; mais miss Owenson redevient femme en peignant une femme, et assurément le tableau n’y perd rien ; il est enchanteur. Rien n’est magique comme de voir Luxima célébrant ses expirations au bord des fontaines, ou adressant, dans la pureté de son âme, ses prières au Cupidon des Indiens, et promenant ses illusions mystiques et ses rêveries amoureuses dans ces riantes contrées, où tout inspire la volupté, où tout porte l’ivresse dans les sens. Nous n’indiquerons pas le dénoûment, afin de laisser au lecteur tout le plaisir que lui procurera la lecture de ce joli roman, qui a eu trois éditions en Angleterre, la première année de sa publication.