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coloris trop brillant pour la prose, les images y sont répandues avec trop de profusion ; la nuit du mariage est aussi trop surchargée d’horreurs.


LES FEMMES, ou Rien de trop, trad. par Mme Élisabeth de Bon, 3 vol. in-12, 1821 (publié en Angleterre sous le titre de : Pour et Contre, et traduit en 1818 sous celui d’Éva, ou Amour et religion. — Malgré tout ce qu’il y a d’étrange dans ce roman, on put y remarquer que l’auteur y soumettait son génie à des règles plus sages que dans ses compositions précédentes. Éva est une créature angélique ; mais le caractère et la destinée de Zaïre ressemblent beaucoup trop au caractère et à la destinée de Corinne : par ses talents et sa beauté, par le malheur d’aimer un amant dont l’inconstance la met au désespoir, elle rappelle trop souvent son célèbre modèle. Cependant, c’est Corinne en Islande, contrastant avec d’autres personnages, rencontrant d’autres aventures, éprouvant d’autres sensations, et parlant un autre langage qui n’est pas celui que Mme de Staël lui eût prêté. Mais si la coïncidence trop frappante entre ces deux caractères de femme ôte à Mathurin tout mérite d’originalité, on ne doit que des éloges au tableau qu’il a tracé de son Éva, si douce, si tendre, si dévouée, réunissant à un si haut degré la pureté du ciel et la simplicité de la terre, dissimulant les sentiments les plus vifs sous l’apparence d’une préoccupation toute religieuse, et ne pouvant exprimer sa passion autrement qu’en mourant pour elle. Le caractère de Courcy est faible, ou plutôt d’une inconséquence ridicule.


LA FAMILLE DE MONTORIO, ou la Fatale vengeance, trad. par Cohen, 5 vol. in-12, 1822. — C’est sur l’existence des revenants qu’est fondé ce roman ; la scène se passe à Naples, au XVIIe siècle, au temps où l’inquisition avait sa plus grande influence. Orasio, chef de la famille Montorio, avait un frère aussi dépravé qu’ambitieux, qu’il comblait de bienfaits, et dont il ne fut payé que par les crimes les plus atroces. Entraîné dans un double meurtre par la trame que vient d’ourdir le scélérat qui veut s’emparer de ses biens, couvert du sang d’une épouse, de celui d’un amant qui n’est pas coupable, Orasio fuit son palais, et va cacher son existence au milieu des forêts et des rochers. Bientôt il reconnaît qu’il a frappé des victimes innocentes ; il les vengera !… Son coupable frère doit périr, mais c’est de la main des êtres qui lui sont le plus chers, c’est par ses deux fils qu’il doit être frappé !… Orasio médite sa vengeance. À une taille élevée, à un extérieur imposant, il joint des connaissances supérieures à celles de son siècle : il étudie les plantes et leurs secrets ; il voyage chez les Arabes, les Mèdes, les Perses ; il va, dans l’Égypte et la Syrie, étudier les secrets de la nature. Après quinze ans d’absence, caché sous l’é-