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d’une branche d’olivier l’a rendu fou, et c’est à son imagination qu’il demande ce que la réalité lui refuse. Un troisième malade est l’homme aux principes, qui se vante d’une généalogie d’opinions que rien n’a interrompu dans le cours de sept ou huit siècles ; inflexible sur tous les points, il veut pendre indistinctement tout ce qui n’a pas suivi la même ligne que lui, sans s’inquiéter du nombre de gens à pendre, et de la possibilité des exécutions. Le chapitre de l’homme aux pirouettes est un des plus piquants de l’ouvrage. Nous indiquons aussi celui intitulé mes Divagations, qu’on peut regarder comme le résumé des principes politiques de l’auteur.

On a encore de cet auteur : *Les Séductions politiques, ou l’An 1821, in-8, 1822.

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LOUVET DE COUVRAY (J. B.),
de l’Institut, né à Paris en 1764, mort le 25 août 1795.


AMOURS DU CHEVALIER DE FAUBLAS, 3e édition, revue par l’auteur, 4 vol. in-8, 1797. — La première édition de ce roman fut publiée sous les titres suivants : Une année de la vie du chevalier de Faublas, 5 parties, 1787 ; Six semaines de la vie du chevalier de Faublas, 8 parties, 1788 ; Fin des amours du chevalier de Faublas, 6 parties, 1790 ; en tout 19 parties in-12. — Sous le titre de Madame de Lignolles, Mme Guénard a donné une suite à cet ouvrage, suite qui est loin de valoir le livre de Louvet.

Le roman de Faublas est un de ces livres ingénieux que les moralistes blâment d’autant plus sévèrement, qu’exempts d’obscénités, et lus dès lors par un grand nombre de personnes, ils altèrent essentiellement la rectitude des principes moraux, en favorisant cette mollesse frivole dont on se préserve difficilement au milieu d’une civilisation avancée. Qu’on se figure, en effet, une interminable histoire du vice sans voile et sans robe nuptiale ; une histoire d’alcôves et de boudoirs, où passent les grands seigneurs et les bourgeois, les soubrettes et les duchesses, les magistrats et les mousquetaires. Une histoire où les hommes se ruent sur les femmes, les femmes sur les hommes ; où on se prend, on se quitte, on se choisit, on ne se choisit pas, on fait l’amour sur les toits, dans les cours, dans les murs, dans la petite maison et dans le couvent, dans l’écurie et dans le salon, dans la voiture armoriée et dans l’ignoble fiacre. — La scène se passe au XVIIIe siècle, dont le roman de Faublas résume, non pas l’esprit, non pas la philosophie, non pas la poésie, non pas la pensée intelligente, mais bien le vice, le scandale, la débauche, la nudité, l’oubli de tous les devoirs et la sensualité brutale. À ce titre, et comme