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LEMONTEY (Pierre-Édouard),
né à Lyon le 14 janvier 1762, mort le 26 juin 1826.


RAISON, FOLIE, CHACUN SON MOT, ou Petit cours de morale mis à la portée des vieux enfants, in-8, 1801. — Quelques morceaux philosophiques, des contes petillant d’esprit, des anecdotes heureuses et des observations sur les mœurs, composent ce recueil, qu’on lit d’un bout à l’autre sans éprouver un moment d’ennui. Parmi les contes, on distingue celui intitulé : les Courtisans, qui retrace l’aventure de ce pauvre Symnel, qui de garçon boulanger devint prince pour quelques jours, et passa bientôt du trône à la cuisine ; les Poulets sacrés, petite plaisanterie dirigée contre les superstitieux ; le Dialogue entre deux Morts, plein d’esprit et de gaieté. L’allégorie des Sept femmes est extrêmement ingénieuse : un jeune homme qui va chercher sa maîtresse pour l’épouser a le malheur de passer par certaine ville capitale dont l’auteur laisse à deviner le nom, et là il est successivement arrêté par la Mode, la Volupté, la Justice, l’Envie, la Goutte, l’Ambition et la Parque ; on devine ce qu’elles font de lui l’une après l’autre, mais on ne devine pas combien le conte est joli si on ne l’a pas lu ; le Dialogue entre deux Morts, dans le cimetière d’une grande paroisse, renferme des détails d’une grande finesse, et quelques anecdotes comiques racontées d’une manière scintillante. Mais de toutes ces productions, la plus piquante est celle de Sparte à Paris : on y suppose que le fils d’un bon Allemand a la tête si tournée de Sparte qu’il veut absolument la voir ou mourir. Un ami du père mène le jeune homme dans la capitale de la France, dont il fait la capitale des Laconiens. Là, il parvient à entretenir l’illusion de l’amateur en lui montrant nos femmes vêtues à la grecque (l’auteur écrivait en 1801), c’est-à-dire à peu près nues ; nos maisons et nos meubles, dont les formes sont empruntées aux anciens ; nos salles de restaurateurs, qui rappellent les civiques banquets des Spartiates ; nos lieux publics où les habiles voleurs sont honorés, et les escrocs maladroits punis comme dans la ville de Lycurgue, etc., etc. — Gai, mordant, spirituel, satirique et moral, ce recueil justifie parfaitement son titre.

IRONS-NOUS À PARIS ? ou la Famille du Jura ; roman plein de vérités, in-12, 1825. — Ce livre, qui a eu quatre éditions la même année, est un ouvrage de circonstance fait à l’occasion du couronnement de Napoléon. — La famille Lambert, habitant une petite ville du Jura, reçoit de Paris une lettre où on l’invite à assister aux fêtes du couronnement de l’empereur Napoléon. À la lecture de cette lettre, Lambert l’aîné, chef de la famille, se lève et dit : « Si toute la famille y consent nous irons tous à Paris voir les