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résignation et de cruautés, ne peuvent être prises séparément ; il faut lire le livre tout entier. Le second tableau, que M. Latouche nous offre dans son dernier volume, est moins énergique que le premier, et cependant il s’agit du 18 brumaire, du retour de Napoléon à Paris après l’expédition d’Égypte, et de cette mystification brusque dont le dénoûment amena l’empire.

GRANGENEUVE, 2 vol. in-8, 1835. — Un des plus célèbres girondins est le héros de ce livre, dont la partie romanesque est peu compliquée ; elle est tout entière dans une femme qu’on regrette quelquefois de voir accolée à la belle et pure physionomie du député de la Gironde. Dégradée presque dès l’enfance, Adeline, dont il n’est guère possible de caractériser la condition jusqu’au moment où elle s’attache à Grangeneuve, s’épure toutefois par son amour, et le suit avec une fidélité touchante à travers les vicissitudes de sa vie d’homme et de député. Des rapports de l’orateur brillant, de l’homme doué de qualités supérieures, avec cette femme aux habitudes, aux idées vulgaires, et qui n’a d’autre mérité que celui de savoir aimer, naissent des scènes piquantes et neuves. Après avoir risqué plusieurs fois sa vie pour sauver l’amant dont elle est dédaignée, Adeline meurt de douleur, implorant en vain un de ses regards au pied de l’échafaud où, fier et calme, il vient apporter la tête d’un martyr de la liberté.

FRANCE ET MARIE, 1835. — Sur la fin du consulat, et à l’époque de la conspiration de Georges Cadoudal, un navire anglais, qui avait pour mot d’ordre France, débarque les conspirateurs sur la côte de Normandie. Marie est le nom d’une jeune fille venue d’aventure sur ce navire, et qu’attendait, au haut de la falaise de Beville, Roger de Lavarenne. Marie de Chavigny est ramenée en France par le vieux comte de Lavarenne, émigré auquel l’amnistie a rendu sa patrie ; Marie est sa pupille, elle lui a été léguée par son ami Chavigny, mort en Angleterre ; elle est destinée à Roger. Quoique tout jeune encore et sortant du Prytanée, Roger se trouve compromis dans la conspiration de Georges : il est condamné à mort. Une jeune veuve, son premier amour, Gabrielle de Saint-Alverte, l’épouse sans répugnance comme sans amour pour lui sauver la vie. Bientôt Marie, retirée au fond du Berry, perd son protecteur, le vieux comte de Lavarenne, qui, au moment de mourir, transmet à son fils tous ses droits de tuteur. Marie, qui ignore le mariage de Roger, s’est habituée à voir en lui son seul soutien, son époux, sa providence ; et, de son côté, Roger, qui n’a pas trouvé dans Gabrielle de Saint-Alverte cette passion exaltée dont il a besoin, éprouve pour sa touchante pupille un amour insensé. Ce secret fatal, découvert à la fin par