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porter son nom. Arthur se console en composant des vaudevilles pétillants d’esprit, des romans qui font fureur ; il se dit : « Puisque mon père ne veut pas que son nom paraisse sur une affiche ni au bas d’une préface, eh bien ! j’illustrerai le nom d’Arthur. » Et il le fait comme il le dit. Alors tous les jours des femmes charmantes lui écrivent des billets doux, se disputent tous ses moments ; mais il n’en aime qu’une, Mme  Clémence Moncarville, qu’il a rencontrée pour la première fois chez M. de Rivières, qui reçoit la meilleure société de Paris mitigée par la plus mauvaise. Mme  Moncarville est donc l’amie de cœur d’Arthur, ce qui ne l’empêche pas d’enlever la maîtresse de son ami Désigny, jeune homme d’une grande naïveté, pour le ramener à la vertu ; la maîtresse se nomme Mme  Ulisse ; c’est sans contredit le personnage le plus spirituel et le mieux dessiné que M. de Kock ait introduit dans son roman ; une femme qui serait la favorite d’un roi ou la belle-mère d’un ministre. Capricieuse comme toutes les jolies femmes, Mme Ulisse a eu la fantaisie d’écrire, elle a cédé à ce penchant, et, consacrant sa plume à l’éducation et à la morale, elle a composé des contes pour les enfants. Le premier de ces contes est intitulé Le vieux polisson, tout simplement, et l’on y enseigne aux enfants à ne point être vicieux dans leur vieillesse. Toutefois, d’après les conseils d’Arthur, elle renonce au culte des belles-lettres. Désigny croit à la vertu de Mme  Ulisse, quoiqu’il l’ait surprise en flagrant délit dans un piége adroit qu’Arthur lui avait tendu. Mme  Ulisse jure de se venger, et se venge en faisant jouer à Arthur le plus sot rôle que l’on puisse imaginer ; en le faisant triompher d’une laide et vieille fille, tandis qu’il croit serrer dans ses bras une jeune et jolie femme. Tous les trois ou quatre mois Arthur revient à Mme Moncarville, que son mari finit par chasser du domicile conjugal par suite des dénonciations de Mme  Ulisse. Arthur la cherche en vain. Pour dissiper ses ennuis il va s’établir à la campagne, où il découvre une friponnerie concertée dans le but de dépouiller son père, prêt à partir pour l’Italie. Aussitôt il court à Boissy avertir le baron du danger qui le menace ; mais celui-ci, rien qu’en le voyant, entre dans une affreuse colère, monte en chaise de poste, et ne veut rien entendre. Arthur revient à Paris, où il cherche en vain Mme  Moncarville. Plongé dans le désespoir que lui cause son absence, il rencontre son ami Darbois, qui lui dit : « Je pars ce soir pour l’Italie en collaboration d’un milord, veux-tu être des nôtres ? — Je suis des vôtres, » répond Arthur, et il part pour l’Italie. À Milan, il apprend que son père a été ruiné par sa femme, et se trouve détenu pour quarante mille francs de dettes. Arthur revient à Paris en toute hâte, vend ses rentes, et rend la liberté à son père, qui lui rend toute sa tendresse. Rien