Page:Revue des Romans (1839).djvu/392

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conséquent trois bonne chances d’avenir et de fortune. Tout en étudiant les Institutes et le Digeste, il adresse ses vœux à une élégante femme du grand monde, entourée d’éclatants hommages et de brillants adorateurs. Dans la lutte qu’il soutient contre ses rivaux, Hugues veut tenter un coup décisif : il envoie des fleurs à celle qu’il aime, la priant de mettre pour l’amour de lui ces fleurs dans ses cheveux, et de venir ainsi parée au bal où il doit la rencontrer le soir. Elle lui donnerait volontiers cette marque d’attachement, mais elle est blonde et les fleurs sont jaunes. Si Hugues avait eu la moindre parcelle de sens commun, il aurait envoyé des bluets, et son bonheur eût été certain. Déçu dans son espoir, il se rabat de la grande dame à la grisette ; mais auprès de la grisette il veut procéder avec méthode, et il est devancé par un rival qui a le bon sens de commencer le roman par le dernier chapitre. Alors Hugues s’imagine que l’amour n’est plus possible qu’en province, et il part pour la Normandie. Si Hugues avait voulu, le bonheur était pour lui à Étretat. En passant par ce village de pêcheurs, Hugues aperçoit à une fenêtre encadrée de pampres verts, le visage frais, gracieux et riant d’une jeune fille ; le voilà qui s’arrête à Étretat, et s’adonne à sa douce passion pour Thérèse, fille de maître Kreisherer. Rien ne s’oppose à son mariage avec Thérèse, mais Hugues ajourne son bonheur à un an ; cette année lui est nécessaire pour acquérir une position et assurer son avenir et celui de la femme qu’il nommera son épouse. Au bout d’un an, il revient ; mais en voulant prendre le chemin le plus court, il tombe, se blesse, est recueilli par deux voyageuses et transporté au Hâvre. Un entraînement de circonstances fatales l’empêche de se rendre à Étretat, où Thérèse l’attend ; il écrit, et sa lettre s’égare ; ne recevant point de réponse, il se croit oublié. La mère de l’une des deux voyageuses qui l’ont secouru est adroite, sa fille est jolie, Hugues est faible, on lui persuade que l’honneur exige qu’il épouse Louise, et il l’épouse. Un nommé Vilhem s’était chargé de venir rappeler à Hugues la promesse faite à Thérèse ; mais quoiqu’il ait pris le chemin le plus court, un incident romanesque l’avait arrêté quelques heures en route, et Hugues était marié quand il arriva ; s’il avait revu Vilhem, s’il avait appris que Thérèse l’aimait toujours, il eût tout quitté pour revenir à Étretat. Au lieu de cela, il advint que Hugues tomba entre les mains d’une belle-mère intrigante ; son mariage le ruina et le perdit. Après mille tribulations, il en vint à une séparation qui le rendit à peu près libre, et reprit le chemin d’Étretat ; mais Thérèse, devenue orpheline, avait trouvé dans Vilhem un protecteur et un mari. — La fin de ce roman est une espèce de procès-verbal de la vie d’homme marié de l’auteur, ainsi que nous