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séjour, le roman allume une de ces passions fatales dont l’Espagne a conservé pieusement le feu profane : deux fois victime, l’héroïne tombe frappée par le poignard de son époux. La nouvelle intitulée l’Espagnole retrace un épisode des guerres de l’empire, dont Mme d’Abrantès a été témoin : Une femme qui a vu son père, ses frères et son époux tomber sous les balles françaises, offre du vin empoisonné à un régiment français qui s’est emparé de son village ; et comme le colonel témoigne quelque méfiance, elle boit de ce vin et en fait boire à son enfant. Voilà un drame bien terrible, mais la poésie espagnole a toujours de ces sombres couleurs ; le drame s’y trouve mêlé à toutes les passions et aux sentiments les plus nobles, ainsi qu’il est facile de s’en convaincre en lisant les Scènes espagnoles de Mme d’Abrantès.

On a encore de cette dame : Mémoires de Mme la duchesse d’Abrantès, 18 vol. in-8, 1831-36. — Mémoires sur la Restauration, 6 vol. in-8, 1835-37. — Histoire des Salons de Paris, 2 vol. in-8, 1837. — Souvenirs d’une ambassade et d’un séjour en Espagne et en Portugal, 2 vol. in-8, 1837. — L’Exilé, une Rose au désert, 2 vol. in-8, 1837.

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ABRANTÈS (Mme Junot d’), fille de la précédente.


LA DUCHESSE DE VALOMBRAY, 2 vol. in-8, 1838. — À seize ans, Mlle de Bellegarde est sacrifiée à un époux de vingt-deux ans plus âgé qu’elle ; il est difficile de rencontrer un homme plus froid, plus sec, plus indifférent, plus parfaitement égoïste que le duc de Valombray. Tout en installant sa femme dans sa nouvelle demeure, il lui dit : « Vous êtes entièrement libre ici ; ordonnez, disposez de tout selon que vous le désirerez ; j’aime à ne m’occuper de rien que de moi-même. » Et la conduite du duc répond exactement au programme. On pense bien que la jeune duchesse ne tarde pas à éprouver pour un autre l’amour que ne peut lui inspirer son mari ; retirée dans la délicieuse vallée de la Bièvre, elle trouve en l’ami de son beau-fils, M. André Mesnevalle, un charmant et dangereux compagnon de solitude. Mais sa mère veille de loin sur elle, et par des avis, par des lettres, la prémunit contre le péril. Mme de Valombray s’arrache violemment à sa passion, et revient à Paris. Peu de temps après, le duc de Valombray tombe malade et meurt. Lorsque le temps qu’une jeune veuve doit rigoureusement donner aux regrets fut écoulé, la duchesse revit celui pour lequel plus d’un soupir s’était échappé de son cœur. Mais le temps, les délais, avaient éteint l’amour de Mesnevalle ; il finit par l’avouer franchement à la belle veuve, qui vit en un instant s’évanouir son dernier espoir, se flétrir sa dernière illusion. Pour tromper son désespoir, la duchesse part pour l’Irlande, et va chercher une retraite dans le château de Glenmore. Le jeune