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tique et de grotesque, d’exactitude et d’invention, d’histoire et de féerie. Cette entraînante résurrection du vieux temps, des vieilles mœurs et des vieilles passions de notre histoire, est une terrible et puissante lecture dont l’esprit se souvient avec terreur comme d’un cauchemar. Que de malheurs entassés dans ces tristes pages ! que de ruines relevées ! que d’événements incroyables ! Le poëte a soufflé sur toutes les ruines de l’antique cité, qui, à sa voix, se sont dressées de toute la hauteur de ce sol parisien. Regardez dans ces rues étroites, dans ces places remplies et populeuses, dans ces coupe-gorges de cailloux, dans cette milice, dans ces marchands, dans ces églises ; regardez, regardez que de passions circulent toute vivantes, toute brûlantes, toutes armées ; chacune d’elles a son vêtement qui lui est propre, robe de prêtre ou robe de femme, armure ou bonnet ; ou bien la passion est toute nue en haillons et toute misérable comme une bête féroce. Regardez, regardez comme tout ce monde obéit sans se plaindre ; comme l’autorité pèse de sa main de plomb sur toutes ces têtes, sur toutes ces consciences, sur tous ces courages ! Comme on voit que tout ce peuple du XVIe siècle est né pour obéir ! pour obéir au roi, pour obéir au prêtre, pour obéir à tous les pouvoirs de la terre.

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INCHBALD (miss Elis. Simpson depuis mistriss),
célèbre romancière anglaise, née en 1735, morte le 1er  août 1821.


SIMPLE HISTOIRE, suivie de Lady Mathilde, trad. par Deschamps, nouv. édit. in-8, 1834. — Nous ne déflorerons pas par une sèche analyse cette charmante production, qui se trouve ou qui doit se trouver dans toutes les bibliothèques, et qu’on ne peut lire sans être attendri jusqu’aux larmes. L’auteur, cependant, ne put trouver à placer ce roman chez aucun libraire, ce qui est du reste arrivé à la plupart des livres que par la suite on a le plus recherchés. Ce déboire n’empêcha pas mistress Inchbald de composer pour le théâtre quelques pièces fort gaies, qui obtinrent beaucoup de succès. Alors, Simple histoire, que l’on avait dédaignée tant que ce n’avait été que l’œuvre d’un auteur obscur, fut achetée par le libraire Robinson, au prix de cent livres sterling le volume, et il n’eut pas lieu de se repentir de son marché.

LA NATURE ET L’ART, trad. par Deschamps, 2 part. in-8, ou 2 vol. in-12, 1796 ; idem, sous ce titre : Henri et William, ou la Nature et l’Art, trad. par Paquis, 2 vol. in-12, 1830. — Deux frères, William et Henri Norwynne, fils d’un petit marchand de campagne, après avoir perdu leur père, mort insolvable, viennent à Londres chercher fortune. William a plus d’instruction et de