Page:Revue des Romans (1839).djvu/353

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Copelius à son élève recommencèrent. Celui-ci promit un jour à sa femme que ce serait pour la dernière fois. Sa promesse fut réalisée, mais non pas sans doute comme l’entendait le vieil horloger. Il périt le jour même, par l’explosion de son laboratoire chimique, sans qu’on pût retrouver aucune trace de son maître dans l’art fatal qui lui avait coûté la vie. Un pareil événement était bien fait pour produire une impression profonde sur une imagination ardente : Nathaniel fut poursuivi tant qu’il vécut par le souvenir de cet affreux personnage, et Copelius s’identifia dans son esprit avec le principe du mal. L’auteur continue ensuite le récit lui-même, et nous présente son héros étudiant à l’université, où il est surpris par l’apparition soudaine de son infatigable persécuteur. Celui-ci joue maintenant le rôle d’un colporteur italien ou du Tyrol, qui vend des instruments d’optique. Nathaniel est vivement tourmenté de ne pouvoir faire partager à sa maîtresse les craintes que lui inspire le faux opticien ; celle-ci, guidée par son bon sens et par un jugement sain, rejette non-seulement ses frayeurs métaphysiques, mais blâme encore son style plein d’enflure et d’affectation. Nathaniel s’éloigne par degré de la compagne de son enfance, qui ne sait qu’être franche, sensible et affectionnée ; il transporte son amour sur la fille d’un professeur appelé Spalanzani, dont la maison fait face aux fenêtres de son logement. Ce voisinage lui donne l’occasion fréquente de contempler Olympia assise dans sa chambre, où elle reste des heures entières sans lire, sans travailler, sans se mouvoir ; mais en dépit de cette insipidité et de cette inaction, il ne peut résister au charme de son extrême beauté. Cette femme n’était pourtant qu’une belle poupée ou automate créée par la main habile de Spalanzani, et douée d’une apparence de vie par les artifices diaboliques de l’alchimiste Copelius. L’amoureux Nathaniel vient à connaître cette fatale vérité, en se trouvant le témoin d’une querelle terrible qui s’élève entre les deux créateurs de cette machine. Nathaniel, déjà à moitié fou, tombe dans une frénésie complète après cette découverte, et nous nous dispenserons d’analyser tous les rêves de son cerveau en délire. Au dénoûment, notre étudiant, dans un accès de fureur, veut tuer Clara en la précipitant du sommet d’une tour : son frère la sauve de ce péril, et le frénétique, resté seul sur la plate-forme, gesticule avec violence, et débite le jargon magique qu’il a appris de Copelius et de Spalanzani. Les spectateurs que cette scène avait rassemblés en foule au pied de la tour cherchaient les moyens de s’emparer de ce furieux, lorsque Copelius apparaît soudain parmi eux, et leur donne l’assurance que Nathaniel va descendre de son propre mouvement. Il réalise sa prophétie en fixant sur le malheureux jeune homme un regard de fascination qui le