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dans ces dispositions ils s’efforcèrent d’être aimables. Après avoir énuméré tous les plaisirs dont on jouit dans une grande ville et tous les avantages qu’elle présente pour arriver à la fortune, Whitzmore proposa d’emmener Edwin à Londres et de le placer avantageusement. Edwin accepte, en assurant à sa fiancée au désespoir que c’est pour elle qu’il désire la fortune, et part. Arrivé à Londres, il ne tarde pas à y contracter des liaisons dangereuses ; Mme Delmer lui offre sa main, et la cupidité le porte à accepter cette offre ; chargé d’aller chercher sa sœur pour l’amener à Londres, il séduit sa jeune fiancée dans la maison même de son père, en lui rappelant les engagements qu’il savait bien ne plus pouvoir remplir ; la victime, réduite à fuir pour cacher sa faute, meurt en donnant le jour à une fille. Emma, entourée de séductions, cède à la passion de Whitzmore, s’enfuit avec son séducteur, qui est tué par Edwin ; dénuée de tout, elle est forcée de se confier à un second protecteur, de celui-ci à un autre, et de protecteur en protecteur, l’infortunée tombe dans l’avilissement, et retrouve son frère, nous n’osons dire en quel lieu ni en quelle circonstance ; dévorée de remords, elle se dirige vers la chaumière de la forêt d’Inglewood, où elle meurt après avoir reçu le pardon de son père. — L’auteur porte ensuite l’attention du lecteur sur la jeune Anna, élevée dans la maison d’Inglewood, par le vertueux frère d’Edwin. Parvenue à l’âge de quinze ans, cette jeune fille est poursuivie par un séducteur, nommé Fitz-Morris, qui est sur le point de la déshonorer, lorsqu’on arrive à son secours. Dans ce séducteur on reconnaît Edwin, qui, apprenant qu’Anna est sa fille, se tire un coup de pistolet et meurt. — Ce roman est une imitation de deux ouvrages de Rétif de la Bretonne, et quoiqu’on y trouve quelques pages assez pathétiques, il est loin d’approcher de la singulière énergie de l’original.

On a encore de cet auteur : Louise, ou la Chaumière dans les marais, 2 vol. in-12, 1787. — *Clara et Emmeline, 2 vol. in-12, 1788. — Jacques Manners, in-12, 1801. — Le Pèlerin de la Croix, 3 vol. in-12, 1807. — La Caverne de Sainte-Marguerite, 4 vol. in-12, 1813.

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HÉNARÈS (Y. de L.)


DERNIÈRES LETTRES DE DEUX AMANTS DE BARCELONE, traduit de l’espagnol.[1] — Après avoir fait le récit des événements antérieurs à l’époque où les deux amants commencent à s’écrire, l’auteur fait une peinture gracieuse et ingénieusement délicate du sentiment de l’amour ; puis, d’une touche sombre et énergique, il retrace les malheurs de Barcelone, et en particulier ceux des personnages qu’il a choisis pour son action, qui du reste est très-

  1. Traduction que nous croyons supposée, ainsi que le nom de l’auteur ; voyez Latouche.