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dormir au milieu des fêtes et des plaisirs. Mais tandis qu’il s’enivre à longs traits dans la coupe des voluptés, sa flotte est en proie à la famine et aux maladies. Le ministère anglais, ne voulant pas rappeler son amiral, rappelle son ambassadeur ; Nelson, désespéré, quitte sans ordre sa flotte et son armée, et après avoir promené sa maîtresse dans plusieurs capitales de l’Europe, revient à Londres pour scandaliser par sa conduite le pays qu’il avait illustré par ses victoires. Le vieux Hamilton meurt, et se venge de sa femme par son testament, en laissant à son neveu une fortune immense sur laquelle elle avait toujours compté. Les revenus de Nelson lui restaient, et tant qu’il vécut, elle passa ses jours dans le faste et dans l’opulence ; mais à sa mort, lady Hamilton devint pour tout le monde un objet d’horreur ; méprisée, avilie, ruinée de fond en comble, elle fut jetée par ses créanciers dans une prison, où elle serait morte sans la générosité d’un échevin qui paya ses dettes et qui lui donna des secours nécessaires pour passer sur le continent. Arrivée dans les environs de Calais, elle y fut atteinte d’une maladie grave ; et cette femme superbe, qui avait vu la population de Naples et de Palerme à ses pieds, mourut dans la misère, l’abandon et l’oubli.

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HELME (mistress Élisabeth),
romancière anglaise, morte au commencement du XIXe siècle.


*SAINT-CLAIR DES ÎLES, ou les Exilés à l’île de Barra, trad. par Mme de Montolieu, 4 vol. in-12, 1808. — L’auteur de ce roman ne s’est pas traîné servilement sur les traces de la plupart de ses prédécesseurs ; on ne lui reprochera pas d’avoir donné à ses héros des sentiments fades et doucereux ; leur caractère est franc et vigoureux, même un peu outré, ce qui amène parfois des situations extrêmement dramatiques. On peut cependant lui reprocher d’avoir beaucoup trop multiplié ses personnages. À qui doit-on s’attacher ? À qui faut-il s’intéresser ? sera-ce à Saint-Clair des Îles, à Randolphe, au chef Monthey, au comte Roskelin et autres, à la comtesse, à Ambroisine, à Éléonore, à Zina, à Mathilde ? Ambroisine et Zina sont celles sur qui l’auteur a eu l’intention de fixer l’intérêt. Zina est une jeune fille douce et timide ; elle aime sans s’en douter Randolphe qu’elle croit son frère. Ambroisine qui, lorsque l’action commence, est une autre jeune fille, d’un tout autre caractère ; elle s’est éprise de Saint-Clair sur le récit de ses malheurs, et se travestit en homme pour aller l’examiner à son aise dans l’île où il est exilé. Saint-Clair ne s’aperçoit nullement de la métamorphose, ce qui n’est point à l’avantage d’Ambroisine, car si elle est bien faite en homme, elle doit être très-mal faite en