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ARLINCOURT.

Yola veille sur lui, le fait porter dans un vieux castel, où il revient à la santé et disparaît. Talebar apprend qu’Yola a été enlevée par Édouard, son ami d’enfance, et conduite au château de Monthuel ; furieux, il va rejoindre ses malandrins, assiége le château de Monthuel, le prend, tue Édouard, et livre Marie aux malendrins ; il trouve ensuite la comtesse expirante, qui lui apprend, avant de mourir, qu’elle est sa mère, qu’Édouard est son frère, et que Marie est sa sœur. Par la mort de tous les siens Henri se trouve possesseur des biens et du château de Monthuel. Cependant Yola lui avait échappé ; elle avait eu pitié du pauvre Édouard, qu’on avait cru mort et qui n’était que blessé, et auquel elle prodiguait ses soins. Par sa fortune Talebar avait acquis une grande importance dans la province ; le prince de Navarre l’engage à se joindre à lui pour combattre Charles V ; il lève des troupes, combat comme un lion, est vaincu, blessé et prend la fuite. Couvert de sang, accablé de fatigue, il entre dans une ferme. Qu’y voit-il ? Édouard et Yola, qui, retirés dans cette humble demeure, y passaient des jours heureux. À cette vue il expire de désespoir.

LES ÉCORCHEURS, 2 vol. in-8, 1833. — Les Écorcheurs sont précédés d’une préface où l’auteur nous apprend que peu de jours après « le mouvement, le malentendu, le hourra, l’escamotage ou le n’importe quoi de juillet 1830, » il se mit à feuilleter les vieilles chroniques de Monstrelet, de Juvénal des Ursins, etc. La tête pleine des scènes populaires qui retentissaient encore, et qui sans doute avaient produit un prodigieux ébranlement dans son cerveau, M. d’Arlincourt se prit à méditer sur l’histoire du XVe siècle, qu’il résume par les deux phrases suivantes : 1o Barricades, pavés, désolations, anarchie, usurpation et peste ; 2o fils de France, repos, bonheur, justice, gloire et liberté. Là-dessus M. d’Arlincourt « prit le parti d’écrire les malentendus du XVe siècle, pour servir d’enseignement à qui de droit. » Du reste, un homme de qualité comme M. le vicomte ne doit pas écrire comme tout le monde ; aussi a-t-il bien voulu nous prévenir qu’il ne s’est pas donné la peine de finir certains chapitres, et qu’il n’a pas perdu son temps à en commencer certains autres. Quant au nom d’Écorcheurs, il est emprunté à une de ces bandes d’aventuriers qui n’avaient d’autre métier que la guerre et le pillage, et qui jouèrent un rôle dans les troubles publics sous les dernières années de Charles VI, et dans le commencement du règne de Charles VII. M. d’Arlincourt nous retrace la demeure du vieux roi (il a oublié de nous dire s’il y avait là quelque allusion), puis les intrigues du duc de Bourgogne, les désordres de la reine Isabeau, le dévouement de Tanneguy-Duchâtel, qui sauve le jeune dauphin en le retirant de la Bastille ; le meurtre du duc