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en effet ce qui arrive. — Il y a dans ce roman un touchant chapitre de l’Écu de six francs, qui rappelle tout à fait le style de Sterne. Henriette, qui finit par remplacer Charlotte dans le cœur du héros, est une petite personne de vingt-quatre ans, qui ne manque pas de charme ; la fragile Charlotte n’est pas non plus sans agrément. Le héros, qui a si peu de passions, légèrement bizarre comme un original de la Bruyère, et qui rêve une nuit si plaisamment qu’il va épouser quatre femmes, devient tendre à la fin quand il éclate en pleurs aux pieds d’Henriette.

LA CHAPELLE D’AYTON, ou Emma Courtenay, imité de l’anglais de Marie Hays, 5 vol. in-12, 1799. — Mademoiselle de Meulan s’étant mise à traduire ce roman, se laissa bientôt aller à le refaire sur un fond presque entièrement neuf et à le continuer pour son compte et à sa guise. C’était la grande vogue alors des romans anglais, avec force événements et émotions. Mlle de Meulan essaye de faire de la sorte et y réussit. L’auteur ému, mais toujours sensé, domine ses personnages, ses situations, les arrête, les prolonge ou les croise à son gré. De jolies scènes domestiques, des intérieurs de famille, et la continuité aisée des caractères, attestent d’ailleurs cette faculté dramatique dont Mme Guizot a fait preuve plus tard en bien d’autres ouvrages.

L’ÉCOLIER, ou Raoul et Victor, 4 vol. in-12, 1821. — Instructions saines, importantes leçons de morale, incidents pleins d’intérêt, liés à une action attachante et ingénieuse, telles sont les qualités qui distinguent cette production, couronnée par l’Académie française comme l’ouvrage le plus utile aux mœurs, et dont chaque page contient, en effet, un excellent précepte à retenir et un bon exemple à suivre.

On a encore de Mme Guizot : Les Enfants, contes à l’usage de la jeunesse, 2 vol. in-12, 1812. — Contes nouveaux, 2 vol. in-12, 1823. — Une Famille, ouvrage suivi de nouveaux contes moraux, 2 vol. in-12, 1828.

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GUY D’AGDE


JULIA, ou l’Amour à Naples, 2 vol. in-8, 1835. — L’action de ce roman est un champ de bataille où se croisent et s’entre-choquent toutes les passions, bonnes ou mauvaises, généreuses ou perverses. Le marquis Fernando et Julia Cristianici sont les deux figures qui occupent le premier plan. Fernando, c’est l’amour méprisé, c’est une nature noble, généreuse, se flétrissant au souffle de la passion ; on le voit descendre fatalement, et degré par degré, une échelle de parjures et d’infamies. Julie, au contraire, c’est la passion dévouée, vertueuse, autant que peut l’être la passion illégitime, c’est l’abnégation de l’amour, la série de