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ments et cris de passions, splendeur sauvage de la monarchie espagnole, descriptions locales d’une vérité à la Walter Scott, forme et couleurs, tout dans l’ouvrage de M. de Mortonval décèle le romancier qui sait peindre ce qu’il voit, et qui voit ce qu’il pense. — Martin Gil, c’est l’ami d’enfance de Pierre le Cruel, que celui-ci éloigne lorsqu’il monte sur le trône. Maria de Padilla devient la maîtresse du jeune exilé avant de passer dans les bras du vertueux monarque, et ce n’est que pour se venger de l’infidélité de son amant qu’elle consent à jouer en apparence seulement le rôle de royale courtisane. Lorsque Blanche de Bourbon devient l’épouse du monarque espagnol, la famille de Maria, dont le roi est éperdument épris, emploie la calomnie et la trahison pour se défaire de Blanche, qui est accusée d’un criminel amour pour son beau-frère, et meurt empoisonnée dans sa prison. Martin Gil, échappé aux périls de la vie des cours, oublie son premier attachement pour la belle Maria, et trouve le bonheur dans une paisible retraite auprès de la simple et bonne Margarida, sa cousine.

LE CAPUCIN DU MARAIS, 4 vol. in-12, 1833. — Pendant l’hiver de 1750, un bourgeois de Paris reçoit une lettre anonyme par laquelle on le somme de déposer, la nuit, de l’or au pied d’un arbre de l’avenue du Cours-la-Reine ; s’il n’obéit pas à cette injonction, il sera tué. Le bourgeois porte cette lettre au lieutenant criminel, qui l’engage à déposer la somme à l’endroit indiqué. La police est aux aguets ; on saisit un homme au moment où il se baisse comme pour ramasser l’or du bourgeois. Le procès s’instruit au Châtelet ; l’accusé proteste de son innocence ; on va l’appliquer à la torture, il avoue le crime. On le condamne au supplice de la roue. Le lieutenant criminel doute encore de la justice de son sanguinaire arrêt. D’une fenêtre de l’hôtel de ville, il assiste à l’exécution ; il attend qu’au moment d’être livré aux bourreaux, le criminel ait fait une dernière confession au prêtre qui l’assiste. Alors, il fait tout suspendre et ordonne qu’on lui amène le confesseur. Seul avec lui, le juge se prosterne aux pieds du prêtre, et le conjure, au nom du ciel, de lui dire si cet homme, prêt à paraître devant Dieu, persiste à nier son crime. Le confesseur, plus pâle, plus troublé que le patient lui-même, tombe comme foudroyé sur un siége, sans mouvement et sans voix ; le juge embrasse ses genoux, il le presse et obtient enfin l’aveu désiré… Le condamné est innocent. C’est le confesseur lui-même qui a commis le crime qu’un autre allait expier sur l’échafaud. L’histoire de ce jeune prêtre, plus malheureux encore que coupable, et racontée par le lieutenant criminel, est le sujet du roman dont le récit précédent n’est que l’exposition. — Le Capucin du Marais est un roman de l’école de l’abbé Prévost, plus près du drame