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n’a pas voyagé constamment en poste ; au lieu de ne s’arrêter que dans les villes, ou de s’égarer parmi les ruines tant de fois décrites et de remuer des cendres insensibles, mistress Graham promène son lecteur au milieu des paysages les plus animés ; elle lui montre une nature vivante, le met en rapport avec l’habitant des campagnes, lui fait connaître des mœurs dont les autres voyageurs n’avaient donné jusqu’ici qu’une idée très-imparfaite. Malheureusement, ses observations ne s’appliquent qu’à un territoire assez circonscrit. À l’époque où elles ont été recueillies (en 1819), une troupe de brigands infestait les environs de Rome, et l’ouvrage de mistress Graham renferme sur leurs excursions des détails fort curieux. On y lit le récit naïf d’un pauvre chirurgien que des brigands avaient arrêté sur la route de Poli à Palestrine, et pour la rançon duquel ils exigeaient une somme considérable ; et comme la rançon se faisait trop attendre, ils menacèrent le prisonnier de lui couper une oreille, et d’envoyer ce gage sanglant à sa famille, afin d’en stimuler la générosité.

On a encore de cet auteur : Journal d’un séjour fait aux Indes orientales pendant les années 1809-1811, in-8, 1818.

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GRANDMAISON VAN-ESBECQ (Mme ).


ADOLPHE, ou la Prédiction accomplie, roman devenu historique (sic), 2 vol. in-12, 1814. — La première édition de ce roman parut en 1797, sous le titre d’Adolphe, ou la Famille malheureuse. Dans un cadre fabuleux et sous des noms supposés, l’auteur retraçait une partie des revers de la famille des Bourbons. Mme la duchesse d’Angoulême voulut bien accepter la dédicace de la nouvelle édition, où elle est représentée sous le nom de Mathilde, princesse de Lombardie. Mathilde éprouve de grands malheurs ; elle est en proie à une foule de vicissitudes, et son existence, un peu aventureuse, n’a pas un rapport très-marqué avec les infortunes de la fille de Louis XVI ; mais en dépouillant cette princesse du rang suprême, ou la plaçant dans l’obscurité, l’auteur a soigneusement retracé les vertus, la pieuse résignation, le dévouement de la princesse à laquelle elle fait allusion.

LES LÉGATAIRES D’AYRSHIRE, ou la Famille Pringle, roman attribué à Mme Grandmaison, in-12, 1822. — Ce roman est remarquable par la vérité des caractères et par la naïveté des peintures. Le docteur Pringle, ministre du petit village de Gornock, reçoit une lettre de l’Inde, par laquelle on lui apprend que son cousin l’a laissé en mourant son légataire universel, et le