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le visage avec le premier linge qu’il trouva ; c’était la chemise que Marie venait de quitter. En rentrant dans le bal, il jeta les yeux sur elle, et ne put les en détacher ; son trouble, les transports et tous les empressements qu’il commença à lui marquer étaient d’autant plus étonnants, que depuis six jours qu’elle était à la cour il n’avait témoigné que de l’indifférence pour elle. Mme  de Gottis, en dépit des historiens qui assurent que Marie de Clèves mourut en couches à l’âge de vingt et un ans, suppose qu’elle a été empoisonnée par les ordres de Renée de Rieux, dite la belle Châteauneuf, maîtresse du duc d’Anjou. Cet affreux attentat est amené par une foule de scènes intéressantes, dans lesquelles l’imagination ingénieuse de l’auteur reproduit les phases très-variées des amours de la princesse de Condé et du duc d’Anjou. Catherine de Médicis, la reine de Navarre, Henri IV, se montrent par intervalles sur la scène, et figurent dans les fêtes, les bals, les carrousels, qui servaient de moyens politiques à l’astucieuse Catherine.

Nous connaissons encore de Mme  de Gottis : Marie de Valmont, in-12, 1812. — Le jeune Loys, 4 vol. in-12, 1817. — La jeune Fille, ou Malheur et Vertu, 2 vol. in-12, 1818. — Contes à une petite Fille, 2 vol. in-18, 1821. — L’Abbaye de Sainte-Croix, 5 vol. in-12, 1822. — Jeanne d’Arc, 4 vol. in-12, 1822. — La Tour de Bramafan, ou le Cri de la faim, 3 vol. in-12, 1824. — Robert de France, 4 vol. in-12, 1826. — Morale des jeunes princes, 2 vol. in-12, 1828.

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GOZLAN (Léon), né à Marseille en 1806.


LE NOTAIRE DE CHANTILLY, 2 vol. in-8, 1836. — Suivant l’auteur, la société du moyen âge était tout entière en puissance du prêtre. Le prêtre mort, sa succession hiérarchique est aujourd’hui échue à plusieurs héritiers. Qui sont ces héritiers ? quels titres, quelles vertus, quelles garanties ils offrent ? quel bien et quel mal ils peuvent faire à cette société tenue par eux ? voilà la pensée que M. Léon Gozlan se propose de formuler sous le titre général des Influences, dans une série de romans dont le premier est le Notaire de Chantilly. Le notaire semble en effet le principal légataire du prêtre ; dans un temps où l’argent est tout, on n’a plus de pensées, on a des affaires ; c’est le confesseur moderne. Après le notaire viendront le médecin et l’avocat, autres héritiers de la puissance sacerdotale. — Voici le sujet du Notaire de Chantilly :

Le républicain Clavier ayant perdu pendant la révolution sa femme et ses enfants, tués par des nobles, a vengé sa famille et sa cause par l’anéantissement des meurtriers. Il n’a épargné qu’une jeune fille qu’il adopte, élève et chérit bientôt en père. Clavier est vieux, il a