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personnage d’homme à bonnes fortunes, arrive à Boulogne, voit l’épouse de M. de Vélétri, et sent naître tout à coup une de ces passions dont on ne voit que de rares exemples. M. de Vélétri est très-jaloux de sa femme, et cependant Alphonse ne lui cause aucun ombrage ; il a ses entrées libres auprès de madame, n’éprouve qu’une légère résistance, et obtient en très-peu de temps l’aveu tant désiré. M. de Vélétri est tué en duel, et il semble qu’alors rien ne doive plus s’opposer au bonheur des deux amants ; mais, par un malentendu cruel, par un accident inattendu, l’événement qui la rend veuve est présenté à Mme  de Vélétri comme si c’était Alphonse qui fût mort et non pas son mari ; la douleur qu’elle ressent est si violente, que l’arrivée même de cet amant adoré ne peut l’empêcher d’y succomber. Elle expire, et Alphonse désespéré renonce au monde et va s’enfermer dans un cloître. — On trouve dans ce roman beaucoup de morceaux très-agréables ; tous les sentiments sont vrais et exprimés avec une gracieuse simplicité.

Nous connaissons encore de Mme  de Golowkin : *Élisabeth de S…, 3 vol. in-12, 1809.

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GOMBERVILLE (le Roy de).


POLIXANDRE, 5 vol. petit in-8, 1637. — Ce roman est d’un excès de folie si curieux, qu’il donne le courage de le lire, à la vérité un peu légèrement. La princesse, héroïne de ce terrible ouvrage, est une certaine Alcidiane qui est bien la plus extraordinaire créature que l’on ait jamais imaginée. Elle est aimée de tous les monarques du monde, et il lui vient des ambassadeurs de tous les coins de l’univers pour la demander en mariage. Ceux qui ne peuvent pas y prétendre se contentent de se déclarer ses chevaliers à cinq ou six cents lieues d’elle, rompent des lances en son honneur, et s’abstiennent de regarder aucune femme au monde après avoir vu le portrait d’Alcidiane. La princesse est très-offensée de cette espèce d’hommage, et trouve très-mauvais que le grand kan des Tartares, et le roi de Cachemire, et le sultan des Indes, aient la hardiesse d’être amoureux d’elle, quoique d’un peu loin. Enfin, aimer Alcidiane, même à mille lieues, est un crime digne de mort, excepté pour Polixandre, le héros du roman, à qui seul elle a permis de l’aimer, parce qu’après tout il faut bien faire grâce à quelqu’un. En qualité de son chevalier, elle le dépêche dans toutes les cours pour châtier les insolents qui osent se déclarer ses soupirants sans sa permission. Polixandre fait ainsi le tour du monde, défiant tout ce qu’il rencontre ; et quand il a tué l’un, blessé l’autre, détrôné celui-ci, fait celui-