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assez souvent qu’il ne l’aimera jamais. Le duc d’Orléans est peint ici plutôt tel qu’il a été après son avénement au trône que tel qu’il fut dans sa jeunesse ; l’auteur a mis beaucoup d’art à adoucir ce qu’il y a de dur et de repoussant dans sa conduite avec la princesse, mais la position est toujours la même ; il a toujours, avec sa femme, de nouveaux torts, que celle-ci pardonne ou qu’elle feint d’ignorer ; et ces torts de ménage, qui sont toujours les mêmes, n’offrent pas un grand intérêt.

ZUMA, ou la Découverte du quinquina, suivi de la Belle Paule, de Zénaïde, et des Roseaux du Tibre, in-12, 1817. — Les Indiens, subjugués par les Espagnols, avaient été contraints de livrer à leurs oppresseurs tout l’or du nouveau monde, mais ils leur cachaient des biens plus utiles à l’humanité, parmi lesquels était l’arbre du quinquina. Les serments les plus redoutables les engageaient au silence, lorsque la vice-reine, comtesse de Chincho, fut atteinte d’une fièvre tierce qui résistait à tous les remèdes. L’ignorance du médecin espagnol qui la soignait, le ton mystérieux dont il parlait à la malade, firent croire que la vice-reine avait été empoisonnée, et tous les soupçons portèrent sur une jeune Indienne nommée Zuma que la comtesse avait à son service. Zuma, bonne et sensible, se désespérait en pensant qu’il existait un remède infaillible contre le mal qui consumait sa maîtresse ; mais, engagée par son serment, elle n’osait trahir le secret des siens. Bientôt, cependant, elle fut attaquée de la même maladie ; au troisième accès de fièvre, son mari lui apporta de la poudre d’écorce de quinquina. Maîtresse de ce trésor, Zuma s’oublie elle-même, et verse furtivement la merveilleuse poudre dans un des breuvages destinés à la comtesse. Aperçue au moment où elle faisait ce généreux sacrifice, le crime paraît certain ; on l’arrête, son mari est mis en prison, et tous deux se laissent condamner. Cependant la vice-reine ignorait tout ; instruite enfin, elle se fait porter au lieu du supplice, et obtient du vice-roi la grâce des coupables. Les Indiens, reconnaissants de cette bonté exercée envers leurs compatriotes, affranchissent Zulma de son serment, et apportent eux-mêmes au palais une dose considérable de poudre de quinquina. Au bout de huit jours, la comtesse fut guérie. — Aux ornements près, Mme de Genlis s’est peu écartée de l’histoire, et sa nouvelle ne manque pas d’intérêt. Les trois autres n’ont d’autre mérite que celui de compléter la dimension d’un volume d’une épaisseur raisonnable.

LES PARVENUS, ou les Aventures de Julien Delmours, écrites pas lui-même, 2 vol. in-8, 1819. — Mme de Genlis fut imbue de très-bonne heure de l’idée que ce qu’on appelait alors naissance était la première condition d’une existence honorable. Aussi nous ap-