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était donc ce grand secret ? Nous engageons les lecteurs à le chercher dans l’ouvrage même, dont la lecture leur procurera, nous en sommes certains, le plus grand plaisir.

UN MARIAGE SOUS L’EMPIRE, 2 vol. in-8, 1832. — Le fond de ce roman est très-simple. M. de Lorency, colonel de l’armée, épouse Mlle  de Brenneval par convenance, pour plaire à l’empereur. Blessée de la froideur et des infidélités de son mari, la jeune femme se monte la tête, et, s’imaginant qu’elle aime le jeune comte de Kerville, elle est assez faible pour lui céder. Éclairée par ses remords, elle a bientôt abjuré ce faux amour. Mais il est trop tard ; elle devient mère, et son amant d’un jour est le père de son enfant. Cette irréparable faute, que doit pourtant ignorer M. de Lorency, creuse plus profondément l’abîme qui les sépare. Il y a maintenant entre eux un secret et un repentir ! Quel malheur ! Et c’est par dépit seulement qu’ils se sont trompés ! et cependant ils étaient nés pour s’aimer ; leurs deux cœurs étaient dignes de se comprendre ! Que de souffrances ils auront à subir avant de se pardonner, avant de se jeter dans les bras l’un de l’autre. Tout le roman est là ; cette paisible action lui suffit, et elle marche toujours intéressante et soutenue jusqu’au dénoûment, entrelacée avec art de scènes vives et historiquement spirituelles.

SOUVENIRS D’UNE VIEILLE FEMME, in-8, 1834. — Les Souvenirs d’une vieille femme forment un recueil de contes plus ou moins moraux ou fantastiques. Il y a dans le premier chapitre, intitulé Mystère et Leçon, toute une histoire magnifique : un M. Alphonse, officier de la plus haute distinction, arrivant de l’armée, amoureux par lettres avant le jour où il vit danser l’auteur des Souvenirs, et qui court ensuite se faire tuer à je ne sais quelle bataille ! Cette histoire est si touchante que M. Gay lui-même en eut les larmes aux yeux lorsque sa femme lui en fit la confidence à son retour de Savoie. L’analyse des autres nouvelles nous entraînerait beaucoup trop loin. Nous voudrions seulement pouvoir raconter l’histoire de la princesse de Conti, dont le duc de Richelieu est le héros ; mais il n’y a que Mme  Gay, en France, pour raconter si naïvement, et par suite si chastement, le marché onéreux auquel la vertueuse princesse dut se résigner pour recouvrer son portrait tombé dans les mains du terrible maréchal. Tout cela est présenté avec grâce ; le dialogue est plein d’esprit et de bon goût, et les Souvenirs d’une vieille femme ne pouvaient être terminés par une anecdote plus piquante.

Nous connaissons encore de Mme  S. Gay : *Laure d’Estell, 3 vol. in-12, 1808. — Les Malheurs d’un amant heureux, 3 vol. in-12, 1823. — Théobald, 4 vol. in-12, 1828. — Le Moqueur amoureux, 2 vol. in-8, 1830. — Scènes du jeune âge, 2 vol. in-12, 1833. — La Duchesse de Châteauroux, 2 vol. in-8, 1834. — La Comtesse d’Egmont, 2 vol. in-8, 1836.