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mêlent toujours de pudeur, de réserve et même de repentir ; que la sensibilité ne gagne rien à ce renversement effréné de toutes les lois morales ; que le mariage, au lieu d’être l’esclavage et la honte, constitue au contraire l’honneur et la vie de la femme, qui ne serait rien sans lui.

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FEUILLIDE (Capo de).


LE MIDI EN 1815, contenant le Tourneur de chaises et les Jumeaux de la Réolle, 2 vol. in-8, 1836. — En donnant à l’ouvrage qui a réveillé en nous de douloureux souvenirs, ce titre : Le Midi en 1815, M. C. de Feuillide n’a pas seulement essayé de nous présenter un tableau complet des malheurs et des crimes qui signalèrent le retour de la branche aînée des Bourbons. Dans cette déplorable période, courte il est vrai, comme toutes les époques de violence, mais aussi féconde que nulle autre en drames sanglants et en terribles catastrophes, il a choisi deux épisodes qui ne sont que trop suffisants pour bien faire apprécier l’état dans lequel les fureurs d’un parti implacable avaient plongé nos belles contrées méridionales. La mort du général Ramel et celle des frères Faucher forment le sujet de ces deux volumes. Un art peu commun dans l’arrangement des scènes, les richesses d’un style énergique et brillant, rapide et pittoresque, des caractères vrais, saillants, bien posés au début, et conservant jusqu’au bout leur type primitif, tels sont les moyens à l’aide desquels M. C. de Feuillide s’empare de l’imagination du lecteur. — Le Tourneur de chaises est un roman auquel la catastrophe du général Ramel, assassiné à Toulouse le 15 août 1815, a servi de cadre. Le tourneur de chaises a nom maître Pierre ; c’est un de ces héros populaires qui, par une grande puissance d’énergie, par une force physique peu commune, exercent sur les masses une sorte de fascination. Maître Pierre a été recueilli dans son enfance par une famille noble et riche. En 1791, des gardes civiques pénètrent dans le château du bienfaiteur de Pierre, et massacrent toute la famille, à l’exception d’une jeune fille, qui devient la victime de leur infâme brutalité. Pierre l’emmène, se dévoue à la servir, et la nourrit de son travail elle et son enfant. Il a remarqué un brillant au doigt de l’un des gardes civiques, et il a toujours espéré que cet indice le lui ferait découvrir tôt ou tard. Quelle n’est donc pas sa joie lorsqu’il croit voir ce brillant au doigt du général Ramel ! Dès lors il ne vit plus que pour la vengeance. Il se jette dans les rangs des verdets, se met à leur tête, leur rend tous les services qu’ils exigent de lui, et en échange demande la tête du général. Tel est le sujet imaginé par M. Feuillide. — Les Jumeaux de la Réolle. L’exécution des frères Faucher,