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jeune officier de marine d’une bravoure signalée par plus d’une action d’éclat, d’un dévouement à toute épreuve dans l’amitié, d’une candeur admirable dans l’amour, et qui, malgré les ruses de Mme de Beaumont, obtient la main de sa fille qu’il aimait, dont il était aimé presque dès l’enfance, et que la mère voulait marier à un certain John Hunter, espèce de fat très-ridicule, d’un égoïsme insupportable, d’une vanité, d’une morgue, d’une suffisance sans bornes ; c’est tout le contraire du capitaine Valsimgham, et l’auteur a très-habilement mis ces deux figures en opposition. Mais comme il ne suffit pas de bien peindre des caractères dans un roman, et comme il faut qu’un roman renferme de plus quelque chose de romanesque, le capitaine Valsimgham est le héros d’une aventure dont une demoiselle renfermée dans un couvent est l’héroïne ; il la tire de captivité ; elle descend, à l’aide d’une échelle, le long des murs du couvent, dans les ténèbres et le silence de la nuit. Cette aventure, qui ne semble être accordée qu’à une vaine curiosité, se rattache au fond même de l’ouvrage, et fournit à la fin un incident qui achève de confondre les vues intéressées et la savante politique de l’astucieuse Mme de Beaumont. – Le premier mérite de cet ouvrage est donc de rouler sur le développement d’un caractère, et non sur un imbroglio d’aventures plus ou moins invraisemblables. Il y a peu d’intrigues dans la mère intrigante ; quant à l’instruction morale, elle se réduit à ce principe : que les parents ne sauraient mettre trop de franchise et de droiture dans leurs relations avec leurs enfants.

L’ENNUI, ou Mémoires du comte de Glenthorn, traduit par Mme E. de Bon, 3 vol. in-12, 1812. – Aux causes générales d’ennui, communes à tous les peuples, les Anglais en joignent une particulière tirée de l’influence de leur climat ; aussi passent-ils pour être, et sont-ils réellement, les mortels les plus ennuyés de l’Europe. Cette triste disposition a chez eux des effets plus graves, et s’y termine souvent par de tragiques résultats. C’est donc chez eux que naturellement devait naître l’idée de faire un roman dont l’ennui est le sujet, puisque c’est chez eux qu’il semble avoir plus particulièrement fixé son empire, et que l’on trouve les plus parfaits modèles des personnes ennuyées. Tel est incontestablement le comte de Glenthorn, dont miss Edgeworth nous a transmis les mémoires. Miss Edgeworth est connue en France et en Angleterre par plusieurs productions ingénieuses et spirituelles, pleines d’observations fines et délicates, et surtout d’une morale excellente ; les Anglais pensent qu’elle s’est surpassée dans l’Ennui, dont les journaux littéraires les plus accrédités ont rendu le compte le plus favorable. Voici la traduction du jugement qu’a porté de ce roman la Revue d’Édimbourg : « De tous les romans de miss