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fortunes, lui donna pour guider son inexpérience un exemplaire des Confessions du comte de ***. « Ce livre, lui dit-elle, est un mentor dont vous aurez besoin dans le monde, et vous ferez bien de le consulter quelquefois. » — « J’ai gardé, dit Rousseau dans ses Confessions, plus de vingt ans cet exemplaire avec reconnaissance pour la main dont il venait, mais riant souvent de l’opinion que paraissait avoir cette dame de mon mérite galant. » Aujourd’hui ce roman, demeuré comme un ouvrage ingénieux et agréable, n’est pas mis au rang des premières productions de ce genre, parce qu’après tout ce n’est qu’un récit d’intrigues qui n’ont entre elles aucune liaison, et qu’il manque d’imagination et d’intérêt.

*HISTOIRE DE LA BARONNE DE LUZ, in-12, 1741. — Ce roman, dont l’héroïne succombe toujours sans avoir jamais tort, semblait devoir obtenir un succès au moins égal à celui des Confessions ; mais on n’y vit avec raison que des aventures un peu forcées. L’auteur du livre avait oublié que les faiblesses d’une femme doivent être non-seulement excusables, mais intéressantes.

MÉMOIRE POUR SERVIR À L’HISTOIRE DES MŒURS DU XVIIIe SIÈCLE, in-12, 1750. — C’est un roman dans le genre des Confessions du comte de ***.

On a encore de Duclos : Mémoires secrets sur le règne de Louis XIV, la régence et le règne de Louis XV, 2 vol. in-8, 1790.

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DUCLOS DE SELVES


MOHAMMED, ou la Chute d’un empire de l’Asie, 2 vol. in-12, 1813. — Gengis-Kan est un des principaux personnages de ce roman ; la chute d’un grand empire d’Asie en est la catastrophe. — Gengis-Kan avait conquis la Chine, les deux Tartaries et toutes les provinces qui composaient son immense domination ; un seul empire considérable, celui des Karasmiens, gouverné par Mohammed, avait jusqu’ici échappé à ses armes victorieuses. Jallal’oddin, prince accompli, fils de Mohammed, éloigné de l’empire de Karasm par les intrigues d’une marâtre, la sultane Zadebine, dans le moment même où son bras eût été le plus nécessaire pour soutenir et défendre cet empire contre les entreprises de Gengis-Kan, était au fond de l’Inde, auprès d’un roi que sa bravoure et ses talents militaires faisaient triompher de nombreux ennemis, tandis que son père allait être accablé par les siens. Rappelé à la hâte, il arrive encore à temps, mais il est écarté par les menées de Zadebine, et renvoyé une seconde fois dans l’Inde, sous le prétexte d’aller se marier avec la fille du roi de