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mauvaise humeur de ses vieux parents, qui ne peuvent concevoir comment le goût de Marguerite n’est pas conforme à leur goût, forment une des parties les plus piquantes du premier volume. Tandis que tout le monde veut marier Marguerite, suivant son intérêt personnel ou son amour-propre, elle a résolu de se marier suivant son choix, et son choix est tombé sur M. de Fresne. Mais quoique toutes les convenances du rang, de la naissance, de la fortune, de l’amour surtout, semblent s’accorder pour ce mariage, mille contrariétés viennent le traverser. Le dépit s’en mêle ; M. de Fresne épouse Mlle  d’Alemberg, et Marguerite tombe malade de chagrin. Mais peu de temps après ce mariage, Mme  de Fresne meurt ; un ami de Marguerite, confident de toutes ses pensées, montre alors à M. de Fresne quels furent toujours pour lui les sentiments de Mlle  Aymond ; ils se réconcilient, se marient et vivent heureux, ou du moins on peut l’espérer. — On voit que ce fond est bien léger, mais sa broderie ne laisse pas apercevoir ce que le canevas a de trop mince. Quelquefois le lecteur s’impatiente des obstacles frivoles qui s’opposent au bonheur des deux amants ; cependant il n’est pas fâché, pour son plaisir, que ce bonheur soit retardé.

*LES TROIS SOUFFLETS, par l’auteur de Marguerite Aymond, 2 vol. in-12, 1824. — En 1813, les journaux de Paris empruntèrent à une feuille de Bruxelles un article ainsi conçu : « Une jeune personne de notre ville vient d’être reconnue dans le régiment où elle servait en qualité de capitaine. Partie à la place de son frère que la conscription avait atteint, elle s’était distinguée au point de s’élever à ce grade en peu d’années. La croix venait d’être demandée pour le capitaine, quand une blessure fit découvrir son sexe, dont on ne s’était pas douté jusqu’alors. On a décidé qu’elle recevrait la pension et n’aurait pas le droit de porter la décoration. » Tel est le sujet du roman, où l’on ne voit guère ce qui peut motiver le titre des Trois soufflets. Ils tiennent cependant une grande place dans ce charmant ouvrage, où ils jouent un rôle important. Donnés par la même main, ils sont reçus, l’un par un vieux capitaine duelliste, et les deux autres par un colonel, sans que ni l’un ni l’autre de ces deux officiers puissent en être déshonorés, et cependant l’individu qui les leur donne est en uniforme, du moins pour le premier et pour le troisième ; car le second retentit dans l’obscurité, sans que le colonel puisse découvrir d’où il vient. On conçoit que ces vivacités sont celles de la jeune fille officier, mais rien n’est plus amusant que les embarras continuels qu’elle éprouve, comme rien n’est plus touchant que l’amour dont elle ne peut se défendre, que la jalousie que lui cause innocemment celui qui en est l’objet. Sa position délicate dans