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fait prisonnier dans une dernière bataille livrée près du pont de Cassano, sur l’Adda. Les chefs des croisés avaient ordonné d’entourer le captif des soins les plus empressés. Mais Eccelin battu ne pouvait plus vivre, il déchire les bandes qui enveloppaient ses plaies, et meurt à Soncino, le 27 septembre 1259. — L’intrigue inventée par l’auteur de ce roman ne brille point par l’originalité ; les combinaisons qu’il a imaginées rentrent toutes dans le domaine du mélodrame ; il y a des fleuves de sang et des accumulations de morts qui rappellent les montagnes plaintives de la Pharsale de Brébeuf.


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COIFFIER DE MORET.


LE CHEVEU, précédé du Voyage, par un capitaine de dragons. — Le fond de ce roman n’a rien de bien original ; il est, ainsi que beaucoup d’autres, imité du Sopha, de Crébillon fils, ouvrage agréable, quoiqu’un peu scandaleux. L’auteur du Cheveu suppose qu’il a été l’amant de la fée Mélusine, qu’il a irritée par une indiscrète curiosité, et dont l’amour se change en haine implacable. Celle-ci, en quittant son indiscret, lui adresse ces paroles : « Tu aimeras encore, tu aimeras plusieurs fois ; mais sitôt que l’objet aimé t’aura donné la dernière preuve de son amour, tu deviendras l’un de ses cheveux, et la métamorphose ne pourra cesser que lorsqu’un amant favorisé coupera lui-même le cheveu qui te servira de prison. Autant de fois tu aimeras, autant de fois tu éprouveras cette marque de mon ressentiment jusqu’à ce qu’un rival heureux te coupe sur la tête d’une beauté qui cependant t’aura toujours été fidèle. » Télis (c’est le nom du héros), après avoir éprouvé plusieurs fois les effets du ressentiment de Mélusine, tente une dernière épreuve ; il se marie, et sa jeune épouse se trouve veuve à son réveil. Désespérée, elle se retire dans un couvent pour s’y consacrer au service divin ; mais elle a retrouvé dans son directeur un de ses anciens amants, et à l’instant où il dépose la chevelure de la future religieuse au pied des autels où elle se dévoue, celle qui allait devenir l’épouse de Dieu redevient tout à coup l’épouse de Télis. — Un petit conte en vers libres, intitulé le Voyage, précède ce roman tant soit peu scandaleux, et n’est pas du tout propre à lui mériter l’absolution.

LES ENFANTS DES VOSGES, 2 vol. in-12. — Le héros de ce roman est un bon et honnête vieillard, habitant de l’Alsace, et qui, dans le temps de nos troubles civils, avait le double tort de posséder des richesses et des vertus. Il se voit forcé de dérober sa tête à la hache des assassins ; mais il ne peut dépasser la frontière et aller chercher du repos sur un sol étranger. Consolé, secouru