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deur, dit le poëte, sortit enfin d’un abîme de lumière, et son premier rayon rencontra l’hostie sacrée, que le prêtre en ce moment même élevait dans les airs. Ô charme de la religion ! Ô magnificence du culte chrétien ! Pour sacrificateur un vieil ermite, pour autel un rocher, pour église le désert, pour assistants d’innocents sauvages ! Non, je ne doute point qu’au moment où nous tombâmes la face contre terre, le grand mystère ne s’accomplit, et que Dieu ne descendit sur toutes les forêts, car je le sentis descendre dans mon cœur. » Cela est beau, très-beau, de quelque croyance qu’on soit, et cela restera beau, quelque changement qui s’opère dans les opinions et dans les mœurs. Le reste offre moins de beautés que ce qui précède. Atala, se croyant condamnée à rester vierge, s’empoisonne quoique chrétienne ; le père Aubry n’a que le temps de recevoir sa confession, mais il prend celui de lui adresser un long sermon pendant qu’elle se débat dans les angoisses de la douleur. L’auteur raconte ensuite les obsèques de son héroïne, qui devient une sainte dans le ciel ; puis il fait assister le lecteur au martyre du père Aubry, qui fut brûlé avec de grandes tortures. — Nous nous abstenons de porter un jugement sur cet ouvrage remarquable, que tout le monde a lu ou veut lire, qui a été loué et critiqué outre mesure, mais qui, malgré quelques défauts, n’en est pas moins une des productions les plus remarquables de dix-neuvième siècle.

LES AVENTURES DU DERNIER ABENCERAGE, ouvrage publié pour la première fois dans les Œuvres complètes de l’auteur, dont il forme le tome XVI. — L’auteur nous montre les descendant de l’illustre famille des Abencerages, ramené dans la patrie de ses pères par le regret et par la vengeance. Mais bientôt, à la vue de la belle Blanca, fille du duc de Santa-Fé, l’amour lui fait oublier les sentiments qui l’avaient conduit à Grenade. Blanca, de son côté, ne tarde pas à partager la passion qu’elle inspire au Maure, qui lui fait un secret de sa naissance. Rappelé à Tunis par un message de sa mère mourante, Aben-Hamet quitte l’Espagne ; mais à peine a-t-il rendu les derniers devoirs à celle qui lui donna le jour, qu’il s’empresse de revenir auprès de la belle Espagnole. « Les jours du couple heureux s’écoulèrent comme ceux de l’année précédente… même amour, ou plutôt amour croissant, toujours partagé ; mais aussi même attachement à la religion de leurs pères. Sois chrétien, disait Blanca ; Sois musulmane, disait Aben-Hamet ; et ils se séparèrent encore une fois sans avoir succombé à la passion qui les entraînait l’un vers l’autre. » La troisième année, l’Abencerage trouve auprès de Blanca don Carlos son frère, et Lautrec, jeune Français à qui don Carlos veut unir sa sœur. L’amour et la jalousie d’Aben-Hamet occasionnent un duel entre lui et don Carlos, où celui-