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« Monsieur, lui dit le comte en fronçant le sourcil, votre présence inattendue m’obligera à vous demander quel motif peut vous attacher ainsi à nos pas. J’aime à croire que c’est une méprise. — Monsieur, répond le Turc, ceci n’est point une méprise. La dame qui est près de vous est ma femme. » Laura ne proféra pas un mot. Qu’aurait-elle pu dire ? Mais le comte invita poliment l’étranger à entrer dans la maison, où nous invitons le lecteur à le suivre pour assister au dénoûment.

CHILDE-HAROLD, roman poétique. On peut comparer Childe-Harold à ces héros voyageurs des romans de Voltaire, qui ne rencontrent jamais sur leur chemin que désordres, troubles, injustices, calamités. Childe-Harold ressemble beaucoup à Candide ; mais Candide rit de tout, trouve que tout est bien : Childe-Harold prend tout au sérieux et trouve tout fort mal. S’il parcourt l’Espagne, s’il assiste à ses courses galantes, si ses beautés voluptueuses aux yeux noirs, au tendre sourire, lui font de douces agaceries ; tous ces plaisirs le laissent insensible : rien ne distrait sa sombre pensée des maux que l’ambition et la conquête y vont accumuler ; au milieu des délices de la paix, il ne rêve que coups de canon et vautours, il ne voit que des loups et des poignards. S’il traverse la Belgique, à peine donne-t-il un regard à ses fertiles campagnes et à l’heureuse industrie de son peuple ; mais il s’arrête longtemps dans les plaines sanglantes de Waterloo pour en évoquer les mânes des guerriers que le fer y moissonna. À Venise, au milieu des folies du carnaval, il se prend à gémir sur les palais déserts et la grandeur éclipsée de cette ville autrefois si florissante. — Childe-Harold est un des ouvrages les plus importants de lord Byron ; les notes dont chaque chant est accompagné sont fort intéressantes, et souvent même plus amusantes que le texte. M. de Lamartine a donné une suite à ce poëme, sous le tire de : Dernier chant du pèlerinage de Childe-Harold.

On peut encore mettre au nombre des romans poétiques de lord Byron : Don Juan, poëme en XVI chants.

Nous citerons aussi : Le Vampire, précédé d’une notice sur lord Byron, suivi de la mort de Colmar et Orla, des Adieux de lord Byron à son épouse, des Ténèbres, etc., in-8, 1811. — Correspondance de lord Byron avec un ami, comprenant aussi les lettres écrites à sa mère, du Portugal, de l’Espagne, de la Turquie et de la Grèce, dans les années 1809-11, et des souvenirs et observations ; le tout formant une histoire de sa vie de 1808 à 1814, par Dallas, 2 vol. in-8, 1824.

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CAILLOT (Ant.), né à Lyon vers 1757.


MES VINGT ANS DE FOLIE, D’AMOUR ET DE BONHEUR, ou Mémoires d’un abbé petit-maître, 3 vol. in-12, 1807. — Cette esquisse de la vie d’un prêtre renferme le tableau le plus dégoûtant du