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eut lieu trop tard pour l’un et pour l’autre : lady Constance était entraînée sans relâche vers les hautes spéculations auxquelles elle avait voué sa carrière ; Godolphin avait cherché jadis l’oubli de ses peines dans les aventures romanesques et les plaisirs bruyants de la dissipation, et lorsqu’enfin ils reconnurent l’un et l’autre qu’ils s’étaient trompés de chemin, et que le bonheur les attendait dans une vie intime et paisible, Godolphin, revenant de visiter à son lit de mort une jeune fille qu’il avait aimée quelques années avant son mariage, périt en traversant un torrent. — Ce livre, dit l’auteur, a pour but de retracer l’influence de notre monde actuel sur les esprits portés à l’idéal et à l’exercice immodéré de l’imagination. Il était difficile de revêtir de plus riches couleurs cet enseignement philosophique, et de peindre avec plus de vérité et de finesse les hautes classes de la société anglaise.

TRÉVELYAN, 2 vol. in-8, 1837. — Trévelyan, homme à la fleur de l’âge et très-honorable, reçoit d’un de ses amis, qui meurt dans ses bras, le soin de veiller sur une fille naturelle de cet ami. Tuteur de la jeune fille, il devient amoureux de sa pupille, qui elle-même aime son tuteur. Un plus jeune amant se présente, un amant moins grave, moins penseur, moins grondeur, fait oublier le tuteur, se fait aimer à son tour, et l’héroïne l’épouse. Délaissée bientôt par son mari, assez mauvais sujet, elle veut se venger avec éclat, et se laisse enlever ; mais à peine la chaise de poste a-t-elle roulé pendant l’espace de quarante milles, que le repentir la saisit ; elle se sauve, se réfugie dans une auberge isolée ; et là, abandonnée du monde entier, elle a recours à la générosité de son tuteur. Trévelyan s’est marié, et occupe dans le monde une place honorable. Il reçoit le message de l’héroïne, vole à son secours, parvient à lui ramener son mari, qui lui pardonne au moment où la jeune personne meurt de chagrin dans l’auberge. — La fable de ce roman n’est, comme on le voit, ni nouvelle ni bien dramatique. L’auteur s’est sauvé par les détails : on s’intéresse à la lutte de Trévelyan contre lui-même ; il n’a pas cessé un instant d’aimer sa pupille, et sa passion, ses combats, le danger de la première entrevue qu’il a avec elle après son mariage, tout cela est admirablement écrit.

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BUSONI.


ANSELME, 2 vol. in-8, 1835. — Anselme, fils naturel d’un père qu’il ne connaît pas, a été élevé dans une condition modeste. Confié aux soins d’un bonhomme pédant, on lui fait quitter la petite ville d’Allemagne où s’est écoulée son enfance, et on le conduit à Paris, où, jeté au milieu d’une population laborieuse