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BURY (mistr. Ch.), romancière anglaise.


COQUETTERIE, 2 vol. in-8, 1835. — La fable de ce roman est bien courte. Deux jeunes filles, Émilie et Frances, nièces du général Montgomery, arrivent toutes deux, quoique pauvres, à faire un brillant mariage, l’une par la coquetterie, l’autre par une grande droiture de cœur et d’esprit. La coquette Frances périt malheureuse et abandonnée par son époux ; la bonne Émilie vit longtemps tranquille auprès du sien. La vie de château, les mœurs de la haute société anglaise sont passées en revue dans ce roman, dont le style est clair, facile, mais quelquefois tissu avec trop peu d’art.

GODOLPHIN, 2 vol. in-8, 1837. — Vernon, habile orateur, ami du prince de Galles et l’appui de l’aristocratie anglaise, meurt sur un grabat sans obtenir une aumône de ceux qu’il a soutenus jadis de sa parole puissante. Lorsqu’il sent que sa dernière heure est venue, Vernon appelle auprès de lui sa fille adolescente ; il la bénit de ses mains glacées, et après lui avoir dépeint l’injustice et l’ingratitude de ce prince qu’il a servi, de ces grands dont il a été la providence au parlement, il lui fait jurer de le venger un jour ; et Constance lui jure de consacrer sa vie à l’abaissement de l’aristocratie. Bientôt, recueillie par sa tante, grande et noble dame vivant au milieu de ce que l’Angleterre a de plus distingué, elle étudie profondément cette aristocratie, et cherche à quelle place elle doit frapper. Tandis qu’elle rêve à sa mission, elle rencontre Godolphin, jeune lord pauvre et beau, doué de toutes les qualités de l’âme et l’esprit. Constance aime Godolphin et en est aimée, mais elle résiste à la voix de son cœur et à l’entraînement d’un premier amour. Il faut que Constance Vernon épouse un grand seigneur opulent qui la place dans une sphère élevée ; elle repousse donc les vœux de Godolphin qui la charment en secret, et elle épouse lord Erpyngham qu’elle n’aime pas. Parvenue à une haute position, pouvant prétendre à tout par son rang, Constance s’attache au parti des whigs, le sert de son influence et s’associe à tous ses triomphes. Ici un intérêt grave s’unit au charme du roman ; au milieu des scènes de la vie du grand monde, on voit se dessiner, d’une façon pittoresque, le mouvement animé des intrigues politiques. Lady Constance Erpyngham gouverne ce monde d’hommes d’État, d’adorateurs, d’ambitieux, et joue ce rôle difficile avec une grâce parfaite, un sens exquis, un esprit admirable. Tout en secondant le mouvement qui amène la nomination du ministère whig et en accomplissant la promesse faite à son père, Constance, devenue veuve de lord Erpyngham, épouse Godolphin qu’elle avait aimé autrefois. Ce mariage