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renfermer leur dignité au sein des distinctions héraldiques, se sont mêlés à la nation en s’appropriant tous les avantages d’une telle alliance. Les nobles anglais ne se font pas scrupule d’épouser des filles de banquiers, d’avocats ou de négociants ; leurs assemblées d’agriculture et de comté les mettent en contact avec des personnes de tous les rangs ; leurs relations politiques les lient intimement avec les hommes de talent et de capacité de toute espèce. Ce mélange a eu pour effet de réduire de plus en plus la valeur de l’homme à celle que lui donnent ses richesses, et de rétablir un niveau d’égalité qui tend de plus en plus à effacer les autres distinctions. M. Bulwer n’a pas jeté un coup d’œil moins sagace sur les classes inférieures que sur l’aristocratie. Son chapitre de l’influence des cabarets sur la santé et les mœurs du peuple est un morceau plein d’intérêt et de vues nouvelles. Ses portraits sont surtout caractéristiques.

LES DERNIERS JOURS DE POMPÉÏ, 2 vol. in-8, 1835. — Au commencement de l’ère chrétienne, en l’an 79, vivait à Pompéï un jeune Athénien nommé Glaucus, et une belle et gracieuse orpheline athénienne nommée Jone. Glaucus et Jone s’aimaient ; mais la belle orpheline était en la puissance de son tuteur, l’Égyptien Arbace, qui en était lui-même épris. Arbace, directeur des mystères d’Isis, imposteur odieux, était un profond scélérat ; pour se défaire de son rival, il fait administrer à Glaucus, par une main amie, un breuvage qui le prive de la raison. Cependant Apœcides, frère de la belle Jone, révolté des jongleries d’Arbace, lui déclare follement qu’il a le projet de le démasquer le lendemain devant le peuple assemblé. Il était nuit ; l’Égyptien et son ennemi étaient seuls, Arbace armé et son ennemi sans défense : d’un coup de stylet Arbace étend Apœcides mort à ses pieds. En ce moment le hasard amène le malheureux Glaucus près du meurtrier et de sa victime. Aussitôt Arbace accuse Glaucus du meurtre d’Apœcides. Glaucus est arrêté, jugé sur le témoignage de son rival, et condamné aux bêtes ; alors sa raison lui revient, et le lendemain il est conduit dans l’arène pour être la proie d’un lion. Le lion sort, mais il semble égaré par une mystérieuse terreur, refuse le combat, et rentre dans sa cage. En cet instant, un message est remis au préteur ; un cri se fait entendre ; Glaucus est innocent, Arbace est le vrai coupable ; le peuple soulevé va le lancer dans l’arène, quand tout à coup le jour se change en nuit ; la terre tremble ; une pluie de cendres mêlées d’eau bouillante et de pierres calcinées tombe sur la ville, la mer et les campagnes. Toute la population fuit épouvantée, éperdue, à la lueur des éclairs volcaniques, au bruit des édifices qui s’écroulent ; partout la terreur, le désordre, les cris, le désespoir, la mort.