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BROUSSARD (Mme, née Harlet), née à Paris en 1794.


ANAÏS DE SURVILLE, ou les Malheurs des mariages mal assortis, 2 vol. in-12, 1823. — Le comte de Clarence est uni par le vœu de ses parents à une jeune et riche héritière dont ils ne connaissaient point assez le caractère et les mœurs : étourdie, coquette et volage à l’excès, elle fait le tourment de son époux, qui est obligé de s’en séparer. Elle périt malheureusement, mais le comte, du moment de sa séparation, tombe dans une foule d’inconséquences dont il finit par devenir la victime. Anaïs, pour obéir à la voix de son père, s’unit à un jeune homme que l’on croit sage, et dont l’inconduite entraîne les deux époux dans les plus grands malheurs. — L’auteur a traité d’une manière tout à fait neuve un sujet qui n’est pas nouveau. La morale de ce roman est si pure, qu’une mère peut sans danger en permettre la lecture à sa fille, qui y puisera de sages conseils sur la conduite qu’elle doit tenir dans le monde.

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BRUCKÈRE (Raymond).


LE PURITAIN DE SEINE-ET-MARNE. — Ce roman offre une peinture du vice par trop nue et par trop forcée ; il y a beaucoup trop d’odieux dans presque tous les caractères. Paris serait donc une sentine d’infamie, un cloaque fangeux, puisqu’une créature bien simple, bien innocente, une pauvre fille de village y oublie, en quelques mois, ses premières années, y répudie tout sentiment de pudeur, toute contrainte, puisqu’elle y prend le masque des femmes perdues, leur assurance, leur maintien cavalier, leurs regards effrontés. — Bertrand, ancien soldat républicain devenu meunier, a gâté Jeanne, sa fille, par sa condescendance. Fier de la belle enfant, il se plaît à la parer, et ne s’aperçoit pas qu’il excite sa vanité, qu’il la distrait du travail. La mère, au contraire, s’indigne de la coquetterie de sa fille. Pour mettre fin à ces débats, le curé conseille de renouveler l’éducation de Jeanne en la confiant aux soins d’une étrangère. On la place chez une dame Brissart. Celle-ci part avec Jeanne pour Paris, et lui donne, avant d’y arriver, la plus affreuse leçon de débauche. Après avoir parcouru toutes les phases du vice, la malheureuse villageoise arrive aux Madelonnettes, où un effronté des plus cyniques lui dicte une lettre affreuse pour son père. Le vieillard vient à Paris ; il y découvre sa fille, l’entraîne la nuit aux buttes Saint-Chaumont. Là, Bertrand combattit en 1814 pour la France ; c’est là qu’il va tuer sa fille. En vain la coupable se tord aux pieds de son juge et lui demande grâce, le vieillard reste impassible ; il l’écoute pleurer, demander