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III
INTRODUCTION.

ennemie des folies révolutionnaires que des doctrines absolutistes, est exprimée dans la chronique de la quinzaine. La chronique a eu pour rédacteurs d’éminens publicistes, — Loève-Veimars, Rossi, Saint-Marc Girardin, Alexandre Thomas, Eugène Forcade (nous ne citons que ceux qui ne sont plus) ; mais le talent des écrivains n’aurait pas suffi pour lui donner l’autorité incontestable qui lui a été attribuée, à l’étranger comme en France. Ce qui a fait le succès de la chronique, c’est qu’elle a été, avant tout, le rapporteur exact de la politique contemporaine. Bien souvent (il nous est permis de le rappeler ici avec gratitude) elle a été admise à puiser des informations aux sources les plus sûres, notamment quand il s’est agi d’exposer les grandes questions internationales, et de les expliquer avec les développemens que ne permet pas toujours la prudence officielle ni la réserve diplomatique. Grâce à ces communications qui témoignent du caractère et de l’étendue de sa publicité, la chronique présente le tableau complet des événemens qui se sont produits depuis quarante ans dans les divers pays. Sans être tracé par la même main, ce tableau est inspiré par le même sentiment d’impartialité, de modération et d’exactitude. Il sera consulté avec profit pour l’histoire de notre temps.

La révolution de 1848 ouvrit à la Revue un nouveau champ d’observations et d’études. Les débats politiques se compliquèrent alors des discussions les plus vives sur le régime des impôts, sur les conditions du travail, sur l’organisation sociale tout entière. La Revue était prête à l’examen de ces problèmes. Elle avait déjà consacré aux socialistes modernes une série d’études où les utopies de ces prétendus réformateurs étaient exposées et jugées. Elle n’hésita pas à combattre énergiquement le socialisme lorsque la révolution de 1848 sembla le mettre en crédit et lui donna presque une part du pouvoir. L’intérêt de ce débat, tout à la fois théorique et pratique, est loin d’être épuisé. On peut aujourd’hui encore relire utilement dans la Revue les réfutations que les économistes les plus autorisés opposèrent, de 1848 à 1851, à des doctrines où ils signalèrent non-seulement l’erreur économique, mais aussi l’imminent danger qui allait compromettre la liberté politique.

La liberté succomba en effet. La révolution prépara la dictature. On sait quel fut, pendant les premières années de l’empire, le régime de la presse. Il semblait qu’une publication périodique dût perdre une grande partie de son intérêt par suite des restrictions légales, et que les sujets d’études fussent désormais resserrés dans de plus étroites limites. La Revue des Deux Mondes eut au contraire cette bonne fortune que la défaite momentanée du parti libéral augmenta le nombre de ses collaborateurs en lui procurant le concours plus assidu des hommes d’état et des publicistes que les événemens avaient éloignés de la politique active. Elle explora dès lors plus largement les domaines de l’histoire, de l’art, de la philosophie et de la science. S’associant à l’impulsion