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heureuse idée du colonel Nivelle qui soumit la question à l’un de ses subordonnés, astronome de l’Observatoire de Paris, amené sous ses ordres par le hasard de la mobilisation. C’était le brigadier Nordmann, promu successivement maréchal-des-logis, puis sous-lieutenant. Le brigadier Nordmann fut donc le premier qui imagina un appareil de repérage par le son. Tout le monde a vu, dans les bureaux de poste, le télégraphiste frapper, sur le bouton d’une patte articulée, des coups qui impriment des signes sur un ruban de papier. Supposez que ce ruban soit divisé en secondes, par exemple ; le coup tapé par un observateur ou un écouteur se marquera sur l’une de ces divisions. Tels sont les rudiments dont s’est servi le brigadier Nordmann pour construire un appareil composé d’une pendule à secondes, en connexion électrique avec un chronographe actionnant des plumes ou aiguilles enregistreuses ; celles-ci pointeront sur le ruban l’instant exact de la perception à chaque poste d’écoute. Ces éléments deviennent les facteurs principaux de la détermination du point de départ du son.

Le colonel Nivelle ne fut pas seul à se préoccuper de la question du repérage par le son. Dès le 20 septembre 1914, le Service géographique, alors à Bordeaux, recevait de M. Esclangon, astronome à l’Observatoire et professeur à la Faculté des sciences de cette ville, un mémoire très complet, spécifiant en embryon la plupart des perfectionnements qui ont donné plus tard le meilleur résultat auquel on soit arrivé. M. Esclangon indiquait même qu’à l’institut Marey on trouverait les instruments nécessaires à l’expérimentation de ses idées. Par une coïncidence curieuse, dans le courant d’une semaine, à trois ou quatre jours près, le Service géographique était saisi d’autres propositions concernant le repérage par le son. Elles émanaient de M. Driencourt, ingénieur hydrographe de la marine et du colonel Ferrié, directeur de la télégraphie sans fil. Dans le même temps, M. Painlevé, président de la commission des inventions, soumettait au ministre de la Guerre, qui les transmettait au général Bourgeois, les essais faits à Paris par M. Nordmann.

L’idée parcourut-elle le monde scientifique ou naquit-elle spontanément dans les cerveaux qui tous n’aspiraient qu’à seconder les efforts de la défense nationale ? Toujours est-il qu’en ce mois de septembre 1914, le problème du repérage par