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l’alpha de cette nouvelle organisation était indispensablement de posséder les éléments primordiaux qui sont à la base du travail géographique : clochers, tourelles, arbres isolés, hautes cheminées, etc... Comment, à défaut de la carte à grande échelle, en vain réclamée depuis 1891, se procurer ces repères fondamentaux qu’elle aurait donnés ?

On n’ignorait pas qu’ils figuraient, ces repères, sur les plans cadastraux de la France. Malheureusement, les plus désirables se trouvaient séquestrés maintenant par l’invasion aux chefs-lieux de département, conservateurs ordinaires de ces documents. Impossible de songer à les y chercher. On en était là, lorsque le directeur du Service géographique se rappela que des copies du cadastre sommeillaient depuis longtemps dans les archives de la rue de Grenelle en attendant que les ressources budgétaires permissent d’entreprendre, sérieusement et non par fragments, la grande réfection de la carte. Le cadastre terminé vers 1850 n’était certes pas la perfection. En premier lieu et pour cause, les chemins de fer n’y étaient pas marqués. Néanmoins, il accusait un nombre considérable de repères : les routes avec leurs intersections qui n’avaient pas changé et, précieux, très précieux jalons, les positions très exactes des maisons dans les villages, et, en particulier, des églises, des écoles sur lesquelles existent le plus souvent des clochetons. Grâce à ce travail autrefois exécuté minutieusement par des géomètres consciencieux, on était sauvé. Avec une photographie aérienne de même dimension, dont on plaquerait les repères, clochers, tourelles, etc., sur ceux du cadastre, on aurait, avec les éléments intermédiaires, révélés par l’objectif, un véritable levé topographique dans tous ses détails. La possibilité de dresser, à grande échelle, une carte des contrées envahies n’est pas la moindre de ces chances heureuses dont l’histoire de la guerre offre plusieurs exemples en faveur de la France.

Il est difficile en effet de s’imaginer à quelles erreurs, à quels retards nos armées auraient pu être exposées sans le secours, sans la collaboration permanente de la carte à vingt-cinq centimètres carrés pour un kilomètre carré. Alors que jadis on n’en voyait guère l’emploi que pour le réglage du tir de l’artillerie de siège, la tournure des opérations démontra son utilité pour d’autres armes. D’abord, l’artillerie de campagne la demanda afin de régler exactement ses tirs de destruction des ouvrages ennemis