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fut accrédité auprès du Gouvernement français. Plus tard les arts et les sciences de la France ont contribué à augmenter et à développer la prospérité du Siam ; à une époque plus récente, la France est devenue notre voisine, ce qui a été une occasion de resserrer les relations d’amitié entre les deux pays. Enfin, lors des événements mémorables qui se sont passés il y a quelques années, lorsque la grande guerre a bouleversé le monde, le Siam s’est rendu clairement compte des immenses difficultés que la France avait à combattre et de l’implacable ambition de ses ennemis. Je ne veux pas m’étendre sur ce point, puisque la guerre est terminée, mais je ne puis m’empêcher de dire : Je suis heureux qu’il ait été permis au Siam de contribuer au triomphe définitif du droit et de la justice.

Le Maréchal se lève à son tour et, après avoir remercié le Roi de son accueil, il ajoute :

J’apporte à Votre. Majesté et à son peuple le salut de la France, de la France reconnaissante pour la noble décision prise par le Gouvernement siamois au cours de la Grande Guerre et qui le rangeait du côté des défenseurs de la justice et du droit.

Cependant la mission dont le Gouvernement de la République m’a chargé n’a pas pour but d’entretenir le monde dans le souvenir et l’idée de la guerre ; tout au contraire, je dois dire et montrer que la France est désormais aussi ardente pour les œuvres de paix quelle s’est révélée tenace et résolue dans la tache de guerre qui lui a été imposée.

Cette mission m’est parfaitement agréable et aisée à remplir au Siam, en raison du traditionnel attachement de votre Royaume à la cause de la paix, en raison aussi des liens d’amitié qui l’unissent étroitement à la France et dont votre magnifique accueil vient de me fournir le plus sûr et le plus précieux témoignage.


23 décembre.

Le Maréchal a visité ce matin la ville royale enfermée comme une citadelle dans un mur bastionné et crénelé : une série de palais, de pagodes, de jardins et de cours, et surtout des sortes de cloches énormes surmontées de flèches qui sont des tombeaux.

Tout est d’une richesse étonnante et pittoresque. Extérieurement les murs, les frêles colonnes des pagodes sont recouverts