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POÉSIES


L’ILE ET LA MAISON



À Georges Victor-Hugo.


J’imagine sur l’Ile où rêva l’Exilé
Un ciel toujours serein et toujours étoilé,
Autour d’elle une mer heureuse et sans tempête
Qui s’est tue à jamais à la voix du Poète,
Dans les champs un été que nul hiver n’atteint,
Quelque chose partout de doux et de hautain
Qui ressemble à l’amour et ressemble à la gloire,
Une source divine où Pégase vient boire
Et, près de la maison que garde l’Océan,
Debout, un haut laurier immortel et vivant,
Pareil à celui dont on voit la feuille amère
A ta tempe, Virgile, et sur ton front, Homère !


A LA MANIÈRE D’OLYMPIO


Souvenez-vous. Voici le printemps. Nous allons
Prendre ce vert chemin. Il conduit au vallon
Et passe près de la fontaine
Qui murmure tout bas et jamais ne se tait,
Et dont le jeune avril en averses a fait
Déborder la vasque trop pleine.

Nous avons tout un jour pour marcher devant nous,
Tout un jour ! N’est-ce pas, mon âme, qu’il est doux
D’aller ainsi le long des haies,
D’aller d’un même pas sur un même chemin
Et de sentir ta main se poser sur ma main
Si de quelque bruit tu t’effraies ?