Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 10.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’après-midi, Joffre a fait au Président de la République et aux Ministres ses visites d’adieu : il a pu juger de l’heureux effet produit par le vote du Sénat, favorable au renflouement de la Banque Industrielle de Chine, que l’on vient d’apprendre.


III. — SHANGHAÏ
9 mars.

Hier soir, dans la nuit, la mission française a débarqué à Shanghaï. Une foule française ardente l’attendait, et lorsque le Maréchal parut, une sorte de délire la secoua. C’est qu’ici la France est étrangement vivante : toutes les émotions, toutes les passions de la métropole agitent l’industrieuse colonie ; à côté de la Concession Internationale, elle a pu, grâce à sa clairvoyance et à l’habileté de ses consuls, conserver son autonomie et accroître son domaine ; si bien, qu’en 1914, M. Kahn, alors consul général, malgré des difficultés de tous ordres, négociait un agrandissement considérable de notre Concession qui s’étend aujourd’hui sur plus de 1 000 hectares de superficie. Tandis qu’en 1900, le nombre des maisons chinoises de la Concession n’était que de 4 000, il atteint aujourd’hui 15 000 ; celui des maisons françaises a cru de 700 en 20 ans ; la population est passée de 92 000 en 1900 à 170 000 en 1921, et le Conseil municipal gère actuellement avec succès un budget de recettes annuelles de plus d’un million et demi de taëls ! Alors, il était naturel que la venue d’un Français illustre, qui porte avec lui une partie de la gloire de la Patrie, émût si profondément cette poignée vibrante de 500 Français, fiers de lui montrer de quelle façon, loin du pays natal, ils ont su travailler à sa grandeur.

Aujourd’hui, c’est donc une visite triomphale de la Concession et des principales œuvres françaises que M. Wilden, notre Consul général, propose au Maréchal. Des boulevards merveilleux, de coquettes ou somptueuses villas, une voirie impeccable, une police de rue parfaite assurée par des Annamites en salacco : tout ici respire l’aisance et la joie.

Et voici maintenant l’Université française de « l’Aurore. » Ce sont les Jésuites qui la dirigent et le directeur est le R. P. Henry, le frère de l’héroïque enseigne tombé au Pétang en 1900 ; elle est en pleine prospérité et dispense le savoir français à plus d’un millier de jeunes Chinois, Voici l’École franco-chinoise de Commerce et d’Industrie : celle-ci a déjà son his-