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les missionnaires, les religieuses et les chrétiens chinois, défendus par Paul Henry et une poignée de marins français et italiens, subirent le mémorable siège qui dura du 15 juin au 16 août 1900.

Mgr Jarlin, la rosette de la Légion d’honneur sur sa soutane, reçoit le Maréchal au milieu de ses missionnaires lazaristes. Il lui adresse un très simple compliment de bienvenue ; il évoque la grande mémoire de Mgr Favier, les journées tragiques de 1900, celles de septembre 1914, le sacrifice de tous ceux qui sont morts pour la France : et tout cela, d’une voix chaude, avec tant d’âme et un accent de sincérité si profond que le Maréchal ému essuie une larme. Puis, l’évêque conduit son hôte jusqu’au monument de l’enseigne Henry, élevé au lieu même où l’héroïque officier tomba mortellement blessé dans les bras de la sœur Louise. La sœur Louise est là ; c’est une sœur toute petite, déjà vieille, et si humble qu’il faut la pousser pour la présenter au Maréchal. Ensuite, Mgr Jarlin présente ses 1800 orphelins chinois que ses sœurs de Saint-Vincent de Paul trouvent le moyen d’élever sans aucune subvention dans leur maison de Jentzetang ; on passe près du terrible trou de mine boxer qui fit explosion le 12 août 1900 à sept heures du matin, faisant 136 victimes : il a 7 mètres de profondeur et 40 de diamètre ! Puis on arrive au cimetière où le Maréchal inaugure devant quelques marins du Peïho et un détachement de la garde de la Légation de France, une plaque à la mémoire des officiers, officiers, mariniers et marins morts à Pékin en 1900.

Lorsque le Maréchal quitte le Pétang, il est déjà tard. Et c’est à la course, pour ainsi dire, qu’il parcourt l’hôpital général chinois dirigé par les admirables Filles de la Charité, et le Collège français du Nantang dirigé par les Frères Maristes : il y a là 1200 jeunes Chinois que les Frères conduisent jusqu’au baccalauréat ; à peine un dixième de ces élèves sont catholiques, mais tous sont élevés dans l’amour de la France ; et la plupart des anciens élèves occupent des situations en vue dans l’État, dans les banques, l’industrie, les chemins de fer.

Malheureusement, il faut abréger ces réconfortantes visites, car le soir même, le Maréchal est l’hôte du Ministre de France à la Légation où un grand dîner officiel, suivi d’une réception, est donné en son honneur.