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efforts qu’il a faits pour accaparer les principales usines autrichiennes ont accru la considération qu’on a pour lui. Il inspire confiance. On espère qu’il saura rendre l’influence allemande prépondérante dans l’Europe centrale, et que, grâce aux concessions considérables qu’il a obtenues en Russie, l’Allemagne sera maîtresse un jour du marché russe.

Les commerçants se plaignent beaucoup. Ici encore, il ne faut pas prendre à la lettre leurs doléances. Il se peut que le commerce extérieur ne donne pas de gros profits. Avant la guerre, l’Allemagne importait (en valeur) plus de marchandises qu’elle n’en exportait. Mais le déficit était largement compensé par les avoirs allemands à l’étranger et par les profits que procurait au pays sa flotte commerciale. Le solde débiteur, qui est plus considérable aujourd’hui qu’avant la guerre, ne peut être compensé : la flotte de commerce n’existe plus et les avoirs allemands à l’étranger ont été vendus. La confiance dans la valeur de la devise allemande va donc forcément baisser. Ce qui est vrai, c’est que les capitaux étrangers affluent en Allemagne, et que le cours des actions d’un grand nombre de sociétés s’élève. La dépréciation du change a pour conséquence une hausse du cours des actions ; elle est favorable à beaucoup de capitalistes. On évalue à plus de 100 milliards de marks le total des valeurs allemandes qui se trouvent entre les mains d’étrangers.

Il n’était pas sans intérêt de savoir ce que les ouvriers pensent de la situation, de savoir surtout s’ils ont confiance dans l’avenir de l’Allemagne. La note qui domine m’a paru être une note optimiste. L’un de ces ouvriers, après s’être plaint que « les beaux jours de l’Allemagne fussent passés, » m’avouait que les constructeurs de machines faisaient des affaires d’or. Le journal anglais Cologne Post parlait dernièrement (numéro du 7 juin 1921) de la situation prospère des fabriques de bateaux, de machines à écrire, de bicyclettes, de matériel roulant, etc.. et de l’importance des commandes reçues de l’Amérique méridionale et des pays Scandinaves. Le journal Der Konfekdonär (n° du 12 juin) reconnaît que, si l’industrie lainière marche médiocrement, la situation des filatures de colon est satisfaisante. On se plaint dans l’industrie chimique, mais c’est parce que l’Angleterre soumet à un contrôle rigoureux l’entrée des matières colorantes et refuse l’entrée aux couleurs qui peuvent être fabriquées dans le pays même. Autre aveu : jamais on n’a