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certaines stipulations du traité, une compensation à l’aide militaire défensive que nous avaient promise MM. Lloyd George et Wilson : « En vue de maintenir la paix, nos alliés avaient senti la nécessité de nous offrir leur concours, sans attendre que le négociateur français le leur eût demandé. Ils ont signé à cet effet des engagements, dont il leur sera parlé quelque jour. Grâce aux réserves du Traité de Versailles, leurs actes, à ce moment, décideront des nôtres. » Ces trois phrases sont un peu sibyllines, mais, si je les comprends bien, voici ce qu’elles signifient : « Ce n’est pas le Gouvernement français qui a demandé à M. Wilson et à M. Lloyd George une promesse de concours en cas d’agression de l’Allemagne. C’est M. Wilson, c’est M. Lloyd George qui ont pris l’initiative d’offrir cette assistance éventuelle, et cela, du reste, pour raccourcir, autant que possible, la durée de l’occupation. Jusqu’ici, les engagements spontanés pris par l’ancien Président des États-Unis et par le Premier ministre britannique n’ont pas été ratifiés. Mais si, lorsque viendra la date fixée par le Traité pour l’évacuation, le pacte de garantie n’est pas entré en vigueur, nous rouvrirons la conversation avec les Alliés, nous leur rappellerons leurs offres de 1919, nous leur demanderons une promesse formelle de concours, et, s’ils ne nous la donnent pas, nous reprendrons notre liberté et nous agirons comme nous l’entendrons. » Malheureusement, si nous attendons le terme contractuel de l’occupation pour engager cet entretien, nous risquons fort qu’il tourne contre nous. L’Allemagne sera devenue plus forte et plus agressive, et rien ne nous permet d’espérer que nos alliés seront plus disposés à nous accorder ce qu’ils nous refusent aujourd’hui.

D’autre part, quelles sont les réserves qui seraient, d’après M. Clemenceau, contenues dans le Traité et qui nous autoriseraient à décider alors de nos actes, selon que nos alliés nous donneraient ou non les garanties promises ? M. Clemenceau, je le suppose, veut faire allusion au dernier paragraphe de l’article 429 : « Si, à ce moment, les garanties contre une agression, non provoquée, de l’Allemagne, n’étaient pas considérées comme suffisantes par les Gouvernements alliés et associés, l’évacuation des troupes d’occupation pourrait être retardée dans la mesure jugée nécessaire à l’obtention desdites garanties. » J’ai eu l’occasion de démontrer récemment qu’il y avait dans ce texte, non pas, hélas ! des réserves au profit individuel de la France vis-à-vis des Gouvernements alliés, mais des réserves communes au profit de l’ensemble des