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260 000 kilomètres par seconde aura non seulement sa longueur diminuée de moitié, mais en même temps sa masse doublée. Sa densité, qui est le rapport de sa masse à son volume, sera donc quadruplée.

Les notions physiques qu’on croyait les mieux établies, les plus constantes, les plus inébranlables deviennent, déracinées par l’ouragan de la mécanique nouvelle, des choses flottantes, molles, plastiques et que modèle la vitesse.

D’autres vérifications de la formule nouvelle et tout à fait indépendantes de celle que nous venons d’exposer ont été fournies récemment par les physiciens.

L’une des plus étonnantes est apportée par la spectroscopie. On sait, je l’ai expliqué maintes fois, que lorsqu’on fait passer un rayon de lumière solaire blanche, provenant d’une fente fine, à travers l’arête d’un prisme de verre, ce rayon s’étale à la sortie du prisme comme un magnifique éventail dont les lames successives sont constituées par les couleurs de l’arc en ciel. Dans cet éventail coloré une observation attentive fait reconnaître de fines discontinuités, des lacunes étroites où il n’y a pas de lumière ; on dirait des coupures faites par des ciseaux dans l’éventail polychrome, et qui sont les raies sombres du spectre solaire. Chacune de ces raies correspond à un élément chimique déterminé et sert à l’identifier tant au laboratoire que dans le soleil ou les étoiles. On a depuis longtemps expliqué que ces raies proviennent des électrons tournant à toute vitesse autour du centre des atomes et dont les changements rapides de vitesse produisent dans le milieu ambiant une onde (pareille à celle causée dans l’eau par la chute d’un caillou) et qui est une des ondes lumineuses caractéristiques de l’atome, et se manifestant par une des raies du spectre. Le physicien danois Bohr a récemment développé cette théorie dans tous ses détails, qui importent peu ici » et montre qu’elle rend compte avec exactitude des diverses raies spectrales correspondant aux éléments chimiques. Ceux-ci, je le rappelle, diffèrent entre eux par le nombre et la disposition des électrons gravitant dans leurs atomes. Or M. Sommerfeld a fait le raisonnement suivant : les électrons qui gravitent près du centre d’un atome doivent avoir une vitesse beaucoup plus grande que ceux qui gravitent vers l’extérieur, de même que les planètes inférieures, Mercure et Vénus, ont autour du soleil des vitesses bien plus grandes que les planètes supérieures, Jupiter,