Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/947

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le sens de la largeur du papier et la déviation électrique dans le sens de la longueur. Alors, si l’hypothèse dont nous avons parlé tout à l’heure n’était pas vraie, les points de chute se répartiraient au hasard sur le papier et le rempliraient tout entier. Mais ce n’est pas cela qui arrive ; ils se distribuent sur une courbe bien régulière.

L’hypothèse étant ainsi justifiée, l’étude de la courbe fournissait la relation cherchée entre la masse totale de l’électron et la vitesse. L’expérience fut réalisée et répétée par des physiciens très habiles ; le résultat est bien fait pour surprendre : la masse réelle est nulle, toute la masse de la particule était d’origine électro-magnétique. Voilà qui est de nature à modifier complètement nos idées sur l’essence de la matière. Mais ceci, comme dit Rudyard Kipling, est une autre histoire.

Pour en revenir à nos moutons, on s’est demandé alors, — et c’est là que nous voulions en venir après ces quelques détours qui auront débroussaillé le chemin, — si la relation entre la masse et la vitesse des projectiles cathodiques, était la même que celle où nous avait conduits le principe de relativité.

Or le résultat des expériences est absolument net et concordant et certaines d’entre elles ont porté sur des rayons Bêta correspondant à une valeur de la masse décuple de la masse initiale. Ce résultat est celui-ci : les masses varient avec la vitesse et exactement suivant les lois numériques de la dynamique d’Einstein. Nouvelle et précieuse confirmation expérimentale, et qui établit, elle aussi, que la mécanique classique n’était qu’une grossière approximation, valable tout au plus pour les médiocres vitesses auxquelles nous avons affaire dans le cours ridiculement borné de la vie quotidienne.

Ainsi la masse des corps, cette propriété newtonienne qu’on croyait le symbole même de la constance et l’équivalent de ce qui est, dans l’ordre des choses morales, la fidélité aux traités, n’est plus qu’une petite chose variable, ondoyante et relative selon le point de vue. En vertu de la réciprocité que nous avons déjà précisée, lorsqu’il s’est agi de la contraction due à la vitesse, la masse d’un objet augmente pareillement non seulement s’il se déplace, mais si celui qui l’observe se déplace, et sans d’ailleurs qu’un autre observateur lié à l’objet puisse jamais constater la différence.

Ainsi, une règle qui se meut à une vitesse d’environ