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du XIXe siècle, de ramener le taux de sa rente de 5 à 2 et demi pour 100.

Nous ne devrons pas attendre l’année 1931 pour régler la question des bons du Trésor, devenus populaires depuis la guerre sous le nom de bons de la Défense nationale, et qui dépassent aujourd’hui le chiffre de 63 milliards de francs. Ils rapportent 3,60 pour 100 à un mois, 4 pour 100 à 3 mois, 4 et demi à 6 mois, 5 pour 100 à un an, 6 pour 100 à deux ans d’échéance. Ceux des quatre premières catégories sont délivrés à guichets ouverts à ceux qui en font la demande. Les bons 6 pour 100 ont fait l’objet d’une émission spéciale au cours de l’été 1921 : il en a été placé une somme de 4 milliards de francs, qui n’a pas été augmentée depuis lors. Ces 63 milliards constituent une dette flottante excessive et doivent être consolidés. Ils rapportent un intérêt élevé. La Commission du budget de la Chambre a marqué son désir de le voir réduit en diminuant de 300 millions le montant du crédit correspondant, il ne dépend pas du ministre seul de réaliser cette économie. C’est bien lui qui fixe le taux de l’intérêt attribué aux Bons : mais, pour placer la quantité qu’il veut, il est obligé de suivre les indications du marché, c’est-à-dire de mesurer l’importance des demandes qui lui sont adressées et de fixer le taux en conséquence. Le véritable procédé à suivre est celui que pratique, à Londres, le Chancelier de l’Echiquier, celui de l’adjudication. Chaque semaine la Banque d’Angleterre offre, pour le compte du Gouvernement, aux enchères, la quantité de bons que le Trésor veut placer ; elle les attribue à ceux qui offrent le taux d’intérêt le plus bas : c’est ainsi que le 23 septembre 1921 il a été vendu 60 millions de livres sterling de Bons, au taux de 3,98 pour 100.

Quoi qu’il en soit, ces bons à court terme constituent un placement tellement avantageux pour les établissements de crédit, les Sociétés industrielles et les particuliers désireux de conserver de larges disponibilités, — les bons à échéance ne dépassant pas trois mois sont toujours réescomptables à la Banque de France, — qu’il faut prévoir l’abaissement des taux actuels. Mais il convient, au préalable, d’envisager la transformation d’une partie des Bons en une rente perpétuelle. Nous croyons qu’un fonds 6 pour 100 attirerait des souscriptions considérables et permettrait de rembourser la moitié des Bons en circulation.