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perfection qui peut nous faire envie. En tout cas, le programme général doit être de substituer, partout où cela peut se faire sans inconvénient, la gestion des individus ou des Compagnies à celle de l’Etat. Cantonnons celui-ci dans ses véritables attributions : défense nationale, affaires étrangères, justice, travaux publics qui dépassent les forces des corporations municipales ou départementales, instruction publique, sans prétendre lui en assurer le monopole complet. Voilà un champ assez vaste pour exercer l’activité des ministres et du Parlement. Partout ailleurs, laissons la nation faire elle-même directement ses affaires et remplaçons les fonctionnaires par des hommes libres, responsables de leurs entreprises.

D’autres réformes doivent être envisagées. L’impôt complémentaire sur le revenu n’est pas encore assis comme il convient. Cela n’a rien d’étonnant. La Grande-Bretagne a mis un demi-siècle à organiser la perception de l’income tax. Nous serions d’avis d’étudier le rétablissement au profit de l’Etat des contributions directes qui existent encore pour les départements et les communes, quitte à modérer temporairement les taux de l’impôt sur le revenu, auquel le contribuable français a besoin d’être habitué. Il y a là matière à un remaniement qui augmenterait les ressources budgétaires et donnerait satisfaction aux plaintes nombreuses que provoquent les inégalités de l’assiette actuelle de nos taxes directes.


VII. — DÉVELOPPEMENT DU CREDIT

Le crédit du pays, n’avait pas encore été mis à une épreuve comparable à celle de la guerre, et c’est merveille de constater comment il y a résisté. Jamais la France n’avait eu à emprunter des sommes approchant de celles qu’il lui a fallu pour mener, puis pour liquider la grande guerre. Les chiffres d’avant 1914 ont été décuplés : notre dette, en chiffres ronds, aura passé de 30 à 250 ou 300 milliards. Le Trésor a trouvé des prêteurs dans le monde entier et à l’intérieur des frontières. Il s’agit de manier aujourd’hui cette masse formidable de créances, qui se présentent sous le quadruple aspect de sommes dues à certains Gouvernements étrangers, de titres de rente perpétuelle ou amortissable, entrés dans les portefeuilles ou circulant sur les marchés financiers, de Bons du Trésor à court terme