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cherté de la vie, laquelle est en grande partie un résultat de la baisse du franc. Une hausse de celui-ci permettrait donc des réductions notables des traitements, dont la péréquation a été prévue au cours des prochaines années.

L’Etat n’entretient pas seulement une nombreuse armée de fonctionnaires. Il achète beaucoup de choses, notamment pour les services publics qu’il exploite, pour l’armée et la marine qu’il entretient. La hausse du franc lui permettra d’acquérir tout cela à meilleur marché et de réduire de ce chef les crédits de nombreux départements ministériels. Il a le plus grand intérêt, direct et indirect, moral et matériel, à ce que la monnaie nationale reconquière graduellement sa pleine valeur.

Tournons maintenant nos regards vers les citoyens dont la masse constitue la nation et cherchons à analyser la façon dont la hausse du franc les touchera. Il est évident qu’elle sera la bienvenue auprès de ceux qui vivent d’un revenu fixe, des rentiers, des pensionnés, des porteurs de fonds publics et d’obligations de diverse nature. Cette catégorie, si nombreuse dans notre pays et si intéressante, vit du fruit de l’épargne longuement et patiemment accumulée, sous forme de travail fourni à l’Etat ou de gains laborieusement acquis et mis de côté a force de sagesse et d’énergie. On sait quelles ont été les souffrances de ces Français, à mesure que le prix de la vie s’élevait et que, pour une même somme, ils obtenaient de moins en moins de choses. L’État, en présence de situations aussi pénibles, a dû consentir un relèvement du taux des pensions. La hausse du franc améliorera considérablement les conditions d’existence de tout ce monde et fera d’eux de bien meilleurs payeurs d’impôt. Ce qu’il n’est pas possible d’exiger à l’heure actuelle de contribuables qui ne joignent pas les deux bouts, pourra aisément leur être demandé quand leur revenu représentera une valeur grandissante par rapport à leurs dépenses.

Mais les ouvriers, nous dit-on, ne sont pas intéressés à la reprise de la valeur de la monnaie : chaque fois qu’elle baisse, les salaires montent.

En admettant l’exactitude de cette assertion, nous ferons observer que l’élévation des salaires ne s’obtient pas toujours aussi rapidement que se produit le renchérissement de la vie, et qu’elle est souvent loin de l’égaler. Des études minutieuses faites par les statisticiens américains sur la période de la guerre