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ne sera achevé, si les accords conclus se réalisent, qu’au bout de quinze ans. Nous n’avons donc pas à envisager un retour brusque des changes au pair.

Il est bien vrai que notre commerce extérieur, qui, pendant la guerre et les deux ans qui ont suivi l’armistice, se soldait par un excédent formidable d’importations, est aujourd’hui retourné. Depuis plusieurs mois, nos exportations dépassent nos importations : mais ce solde créditeur est dû au fait que nous avons réduit considérablement nos achats au dehors, non seulement de denrées alimentaires et d’objets fabriqués, mais aussi de matières premières nécessaires à l’industrie. Cette dernière restriction n’est pas un signe favorable. Dès que le réveil de l’activité industrielle, dont les heureux symptômes commencent à se remarquer, s’accentuera, nos importations devront s’augmenter. Ce n’est qu’ensuite que nos exportations d’objets fabriqués s’amélioreront à leur tour, surtout si les relèvements de tarifs douaniers qui sévissent à l’heure présente de tous les côtés s’arrêtent et font place à des traités de commerce raisonnables, donnant à chaque nation le moyen de commercer avec les autres, sans les enfermer derrière des murailles, infranchissables à leurs propres produits aussi bien qu’à ceux de l’étranger.

En tout état de cause, le franc ne saurait reprendre, avant plusieurs années, la situation qu’il occupait, en 1914, sur le marché international, alors qu’il était au pair des meilleures monnaies et faisait prime sur un grand nombre d’entre elles. Nous envisageons d’ailleurs cette ascension sans inquiétude, contrairement à ceux qui la redoutent. « Voyez, nous disent-ils, quelle serait la situation du Trésor français le jour où le franc qui, mesuré en dollar, vaut aujourd’hui 40 centimes, serait revenu au pair. De quel poids les 25 milliards du budget ne pèseront-ils pas sur lui ! En particulier, les arrérages de la dette publique qui, pour la majeure partie, sont, pendant une assez longue période, incompressibles, représenteront une charge d’autant plus lourde que la valeur du franc se sera plus relevée. »

Nous ferons tout d’abord observer qu’en ce qui concerne notre dette extérieure, qui se compose de 6 milliards de francs d’engagements commerciaux, c’est-à-dire d’emprunts contractés par l’intermédiaire de banques, de 14 milliards prêtés par la Grande-Bretagne, de 15 milliards avancés par les États-Unis, le